La recherche au quotidien

Publié le 28 juin 2004 Lecture : 3 minutes.

A cinq minutes de la sortie de l’autoroute Tunis-Bizerte, et à vingt minutes de la capitale, la campagne s’étend à perte de vue. C’est là qu’est installée depuis 2003 la technopole de Sidi Thabet, dédiée à l’industrie pharmaceutique et à la biotechnologie. On a de la peine à croire que, sur la colline qui domine une plaine céréalière parsemée d’oliveraies, se trouve rassemblée autant de « matière grise ». Une centaine de chercheurs et de techniciens (ils seront 2 000 à terme) travaillent ici. Les laboratoires et centres de recherche fonctionnent selon les normes internationales, avec des équipements dernier cri. Quelque 5 000 étudiants fréquentent le site, et plusieurs industries pharmaceutiques y sont implantées. Mais si Sidi Thabet donne l’impression d’être retirée du monde, ceux qui y travaillent savent que leurs recherches auront, à terme, des implications concrètes dans le quotidien de tous les Tunisiens. Et même au-delà.

À l’Institut national de recherches et d’analyses physico-cliniques (Inrap), plusieurs axes de recherches ont été définis. L’un des thèmes retenus, parmi les plus prometteurs, entre dans le cadre de la préparation de l’après-pétrole. Il s’agit de la mise au point d’un procédé de stockage de l’hydrogène, un composant qui sera utilisé comme substitut au carburant actuel des véhicules. Mais ce gaz est hautement inflammable et difficile à stocker. Les recherches consistent à trouver un matériau adéquat pour le contenir et permettre de le transformer en énergie. Mohieddine Abdellaoui, chef du projet, mène ses travaux avec trois autres chercheurs nationaux et en coopération étroite avec ses collègues français du Centre national de la recherche scientifique (CNRS). « Les Japonais et les Russes s’intéressent à notre projet », confie-t-il, de retour d’une conférence internationale qui s’est tenue en Ukraine au mois de mai sur la recherche en matière de traitement de l’hydrogène.
Au laboratoire de « chimie verte », le Dr Saber Chatti s’intéresse pour sa part à la valorisation non alimentaire des produits de la biomasse. « De l’amidon de maïs, on peut extraire de nouveaux produits fibreux et les valoriser dans l’industrie textile », affirme-t-il. Houyem Hamdi, ingénieur en chimie analytique, est fière de son laboratoire – fruit de la coopération franco-tunisienne -, le seul en Tunisie pour l’analyse des constituants de base des éléments organiques. « Avant 2000, explique-t-elle, on envoyait les échantillons à analyser en France. Maintenant, les chercheurs et l’industrie pharmaceutique sont les principaux bénéficiaires de nos travaux. »

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Le Centre national des sciences et technologies nucléaires (CNSTN), qui bénéficie de la coopération du Commissariat français à l’énergie atomique (CEA), abrite un laboratoire de radio-analyse et une unité pilote de traitement par rayonnements ionisants. Dans cette dernière, Meriem M’saad-Guerfali, biologiste, est chef d’un projet pilote de production de la cératite, plus connue sous le nom de mouche méditerranéenne des fruits. Ce projet est essentiel pour l’agriculture tunisienne, puisque la « mouche » fait des ravages dans les plantations d’agrumes. Au lieu de la combattre par des pesticides, on cherche à utiliser une méthode biologique consistant à élever massivement des souches importées qui sont ensuite stérilisées et lâchées dans les champs d’agrumes pour la neutralisation des mouches actives. Évaluation des résultats dans deux ans.
D’autres unités de recherche liées à la biotechnologie sont attendues à Sidi Thabet. Le groupe pharmaceutique Pierre Fabre est en pourparlers très avancés avec les autorités pour y créer un centre de recherche dans ce domaine. ProMetic Science de la Vie Inc., une société biopharmaceutique internationale basée au Canada, a également choisi cette technopole pour y transférer sa technologie pour la fabrication de médicaments. Il s’agit d’une première mondiale, car le projet va permettre la production, à des prix abordables pour les pays d’Afrique, du Moyen-Orient et une partie de l’Europe, de quatre médicaments parmi les plus vendus dans les pays industrialisés, utilisés pour soigner notamment les hépatites et certains cancers. Le coût du projet, qui doit être réalisé en partenariat avec la Pharmacie centrale de Tunisie et l’Institut Pasteur de Tunis, est estimé à 36 millions d’euros.

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