Tunisie : Ennahdha nie toute rupture avec Béji Caïd Essebsi
Ennahdha ne semble pas prêt à accepter la séparation annoncée par Béji Caïd Essebsi (BCE), lundi 24 septembre. Le parti islamiste a réaffirmé dès le lendemain de l’intervention du président de la République son soutien au « processus de consensus ».
« Nous réaffirmons le consensus avec le président de la République », a annoncé Ennahdha dans un communiqué à destination de la presse internationale. Une réponse à l’interview du chef de l’État, qui a annoncé lundi soir en direct son divorce avec Ennahdha. « Depuis la semaine dernière, nous avons décidé de nous séparer, à la demande d’Ennahdha », a-t-il déclaré.
« Pas le moins du monde ! », lui répond la formation de Rached Ghannouchi. Ennahdha affirme que « l’exception tunisienne doit son existence au processus de consensus, qui reste la base idéale pour la stabilité du pays et la gestion des différends dans un cadre de responsabilité nationale et de respect mutuel ».
La divergence d’opinion sur certaines problématiques ne signifie pas l’abandon de la relation robuste qu’Ennahdha entretient avec le président
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Le parti de la colombe ne s’arrête pas là. Un peu plus loin, il enfonce le clou, martelant que « la divergence d’opinion sur certaines problématiques rencontrées par le pays, dont la stabilité du gouvernement, ne signifie pas l’abandon par Ennahdha de la relation robuste qu’elle entretient avec le président de la République ». Une réponse catégorique et claire.
Une alliance « contre nature »
Alors que la formation fondée par le président, Nidaa Tounes, avait été créée pour faire front face aux islamistes, celle-ci était finalement devenue leur alliée au lendemain des élections de 2014. Une manière pour le parti de s’assurer une majorité à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP).
J’ai fait partie de ceux qui ont défendu Ennahdha, et j’en ai payé le prix
« J’ai fait partie de ceux qui ont défendu Ennahdha, et j’en ai payé le prix », a notamment rappelé Béji Caïd Essebsi lors de son interview. En effet, cette union n’avait pas été du goût de tout le monde. Pour une grande partie de l’électorat de Nidaa Tounes, celle-ci était passée pour une trahison. La crédibilité du parti avait été écornée, sans que ses dirigeants ne parviennent à justifier complètement ce choix. « L’alliance avec Ennahdha est contre nature », avait par exemple fustigé le ministre de la Santé de l’époque, Saïd Aïdi.
Finalement, c’est la lutte de pouvoir entre le chef du gouvernement Youssef Chahed, soutenu par Ennahdha, et le fils du Président, Hafedh Caïd Essebsi, qui aura eu raison de la coalition. Du moins, selon la version de Carthage. Reste à savoir si le parti islamiste arrivera à tenir sa position « d’apaisement » jusqu’aux élections de 2019.
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