Madagascar : l’interdiction d’un sondage sur la présidentielle suscite la polémique

Au nom de la protection de « l’ordre public », le gouvernement de Madagascar a suscité mercredi 26 septembre la polémique en obtenant le retrait d’un sondage sur les intentions de vote des électeurs en vue du scrutin présidentiel de la fin de l’année.

Début du dépouillement, lors des élections de 2013, à Antananarivo. © Schalk van Zuydam/AP/SIPA

Début du dépouillement, lors des élections de 2013, à Antananarivo. © Schalk van Zuydam/AP/SIPA

Publié le 26 septembre 2018 Lecture : 2 minutes.

Palais d’Iavoloha, Madagascar © Vzdalujicisekroky , CC BY-SA 3.0
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Présidentielle à Madagascar : la bataille des ex

Le scrutin présidentiel, dont le premier tour se déroule le 7 novembre, doit permettre d’enfin tourner la page de la crise ouverte en 2009. 36 candidats – dont les trois derniers chefs de l’État – s’y affrontent, dans une ambiance tendue.

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« Nous prenons acte des vives préoccupations quant à la publication de chiffres ou de quelconque résultat de sondages d’opinion et des impératifs liés à la sauvegarde de l’ordre public, de la dignité nationale et de la sécurité d’État qui nous ont été signifiés officiellement », indiquait la publication sur laquelle devait paraître le sondage.

Commandité par la fondation allemande Friedrich-Ebert (FES), l’enquête d’opinion sur les intentions de vote des électeurs malgaches pour le scrutin des 7 novembre et 19 décembre devait paraître dans l’édition du jour de la revue bimestrielle d’information et d’analyse Politika.

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Juste avant que les premiers exemplaires ne soient mis en vente, sous la pression des autorités, la revue et le sondeur ont annoncé en avoir retiré le sondage et annulé une conférence qui devait en présenter les résultats.

Le représentant de la fondation, Marcus Schneider, a précisé à la presse que la mise en demeure lui avait été adressée par « une lettre officielle du gouvernement ».

Sondages rares

Très rares à Madagascar, les sondages n’y sont interdits que pendant les campagnes électorales.

Dès mardi 25 septembre, le président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), Hery Rakotomanana, s’était publiquement inquiété de la publication à venir avec des arguments surprenants.

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« Dans le contexte malgache, il est encore difficile de réaliser un sondage du fait de la disparité du niveau d’instruction et de la perception » de la population, avait-il plaidé.

« On va accuser la Ceni de manipulation si le résultat des sondages ne correspond pas à ceux du scrutin », avait-il ajouté.

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Mauvaise méthode ?

Selon ses auteurs, l’enquête avait été réalisée par téléphone auprès d’un échantillon représentatif de la population malgache – 800 personnes âgées de 18 ans et plus – et affichait une marge d’erreur de 3,5% des sondés.

Pour obéir à l’injonction des autorités, les journalistes ont donc eux-mêmes déchiré les 9 pages de leur publication reproduisant les résultats de l’enquête avant sa mise en vente.

« C’est le résultat de deux mois de travail et d’investissement qu’on a arraché d’un seul coup », a déploré avec tristesse Raoto Andriamanambe, le rédacteur en chef du journal.

« Pour la démocratie, il ne faut interdire les sondages d’opinion », a réagi auprès de l’Agence France-Presse (AFP) l’ex-ministre de l’Éducation Paul Rabary, un des 36 candidats au scrutin.

« Il faut cependant remettre en question la méthode utilisée », a-t-il ajouté en dénonçant l’échantillonnage retenu. « J’ai besoin d’un sondage crédible pour tous et non pas d’une statistique qui ne représente que l’avis de la population citadine ».

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