Assemblée générale de l’ONU : les dossiers chauds du Maghreb-Moyen-Orient en débat

Crise entre l’Iran et les États-Unis, conflit israélo-palestinien, élections en Libye… Les 25 et 26 septembre, l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies a été l’occasion pour les dirigeants de la planète de faire valoir leurs positions sur les grands dossiers de la zone.

Lors de la 73ème session de l’Assemblée générale des Nations unies, au siège de New York , mercredi 26 septembre 2018. © Richard Drew/AP/SIPA

Lors de la 73ème session de l’Assemblée générale des Nations unies, au siège de New York , mercredi 26 septembre 2018. © Richard Drew/AP/SIPA

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Publié le 27 septembre 2018 Lecture : 5 minutes.

Lors de l’Assemblée générale de l’ONU, les dirigeants ont pu assister à une joute verbale d’une rare violence entre l’Iran et les États-Unis.

Mardi 25 septembre, par discours interposés, les chefs d’État Donald Trump et Hassan Rohani se sont lourdement affrontés. Le locataire de la Maison Blanche a qualifié l’Iran de « dictature corrompue ». « Nous ne pouvons pas permettre au principal soutien du terrorisme dans le monde de posséder les armes les plus dangereuses de la planète (…) ou de menacer l’Amérique », a-t-il déclaré. Il a notamment appelé toutes les nations à isoler le régime iranien.

Les États-Unis ne cherchent même pas à cacher leur plan visant à renverser le gouvernement iranien

Un peu plus tard, son homologue iranien lui a renvoyé la balle. « Il est paradoxal que les États-Unis ne cherchent même pas à cacher leur plan visant à renverser le gouvernement, alors même qu’ils invitent à des pourparlers », a répliqué Hassan Rohani. En effet, le président américain espère négocier un nouveau traité avec des conditions plus rigides, suite à son retrait de l’accord nucléaire de 2015, en mai dernier. Le président américain avait alors rétabli toutes les sanctions contre Téhéran – ce que Rohani a qualifié mardi de « terrorisme économique ».


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En marge de l’Assemblée, les Européens, qui s’étaient farouchement opposés au retrait des Américains, ont annoncé la création d’un mécanisme visant à préserver leurs échanges avec l’Iran, tout en échappant aux sanctions américaines. L’idée est de créer un système de troc similaire à celui utilisé avec l’Union soviétique durant la guerre froide, afin d’échanger du pétrole contre des produits européens sans transactions financières. Une décision qui a « profondément déçu » Mike Pompeo, le chef de la diplomatie américaine. « J’imagine que les ayatollahs corrompus […] ont dû bien rire ce matin » en apprenant cette proposition, a-t-il déclaré.

Les ayatollahs corrompus ont dû bien rire en apprenant la proposition européenne

L’Iran a de nouveau été au centre des discussions, mercredi, lors d’une réunion inédite du Conseil de sécurité, présidée par Donald Trump. Le président américain a tenu la République islamique responsable de tous les maux du Moyen-Orient, lançant une nouvelle mise en garde à ceux qui ne respectent pas les sanctions américaines.

  • Paix au Proche-Orient
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    Le conflit israélo-palestinien a également été un sujet récurrent cette semaine à l’ONU. Mardi, lors de son allocution, le président turc Recep Tayyip Erdogan s’est affiché comme le défenseur du peuple palestinien. Il a reproché au Conseil de sécurité de l’ONU de « rester inactif face au massacre ». Il s’est notamment engagé à protéger Jérusalem, « même si le monde entier tourne le dos ». « Ceux qui se taisent face à l’oppression des Palestiniens, qui réduisent l’aide humanitaire qui leur est destinée, ne font que renforcer la détermination des oppresseurs », a déclaré Erdogan, en référence à l’annulation de l’aide américaine à l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens.

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    Donald Trump a de son côté rappelé sa décision de reconnaître officiellement Jérusalem comme capitale d’Israël.

    « Les États-Unis sont engagés pour un avenir de paix et de stabilité dans la région, notamment la paix entre Israéliens et Palestiniens », a déclaré Trump pendant son intervention à la tribune. « La reconnaissance de faits évidents fait avancer cet objectif, et non le contraire ».

    J’aime bien la solution à deux États », a affirmé le président américain

    Contre toute attente, le chef de la première puissance mondiale s’est dit favorable à une solution à deux États, mercredi, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU à New York. « J’aime bien la solution à deux États », a affirmé le président américain, qui s’était jusque-là gardé de privilégier cette voie, appuyée par ses prédécesseurs et la communauté internationale. Même si c’est « un peu plus difficile », « cela marche mieux parce que chacun gouverne de son côté », a-t-il expliqué.

    Reste à savoir si cette solution va être celle présentée dans son rapport de paix, rédigé par son gendre et conseiller en politique étrangère, Jared Kushner. La proposition sera rendue publique d’ici quatre mois, selon les récentes déclarations du président américain.

    Une déclaration qui ne semble pas avoir convaincu Mahmoud Abbas, le chef de l’Autorité palestinienne (AP). Dans un plaidoyer à l’encontre de Donald Trump, prononcé le jeudi 27 septembre à la tribune des Nations unies, Mahmoud Abbas a accusé le président américain de mettre en péril la solution à deux États, jugeant les États-Unis comme étant « partiaux » dans leur traitement du conflit.

    « Avec toutes ses décisions, le gouvernement américain est revenu sur tous les engagements qui avaient précédemment été pris par son pays », a-t-il déclaré.

    • Élections en Libye
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      En marge de l’Assemblée générale, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a condamné les violences survenues en Libye fin août-début septembre, qui ont fait au moins 115 morts. Il faut « nous montrer plus durs à l’égard de ceux qui souhaitent imposer le statu quo à leur seul bénéfice », a averti le chef de la diplomatie française.

      Les sanctions prises récemment par le Conseil de sécurité doivent être suivies d’autres sanctions

      Si un cessez-le-feu a été conclu le 4 septembre sous l’égide de l’ONU, celui-ci n’est pas respecté. « Les sanctions prises récemment par le Conseil de sécurité contre un certain nombre de trafiquants doivent être suivies d’autres sanctions. Je pense en particulier aux miliciens qui menacent Tripoli », a précisé Le Drian devant des journalistes.

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      Le diplomate a ensuite profité de l’Assemblée pour réunir ses homologues algériens, tunisiens, égyptiens, nigériens et tchadiens, ainsi que des représentants de l’Italie et des membres permanents du Conseil de sécurité, afin d’obtenir leur soutien. Paris, qui souhaitait des élections rapides prévues pour le 10 décembre, semble avoir revu ses ambitions à la baisse. Dans l’immédiat, la diplomatie française demande l’envoi « d’un signal clair à ceux qui seraient tentés de perturber le processus politique, et notamment aux milices ».

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