Bush se préserve

Publié le 28 juin 2004 Lecture : 2 minutes.

Est-ce parce que la Conférence internationale sur le sida se tiendra à Bangkok, du 11 au 16 juillet, et sera donc consacrée prioritairement aux pays asiatiques, que le président George W. Bush a choisi, soudainement, de s’y intéresser ? Toujours est-il que, le 23 juin, il a annoncé l’inclusion du Vietnam dans la liste des pays bénéficiaires de sa fameuse ligne de crédit de 15 milliards de dollars sur cinq ans, annoncée en janvier 2003.
Jusqu’ici exclusivement consacré aux pays d’Afrique et des Caraïbes, le PEPFAR (President’s Emergency Plan for Aids Relief) n’a pas encore tenu toutes ses promesses. En lieu et place des 6 milliards de dollars attendus (3 pour 2003 et 3 pour 2004), seuls 2,4 milliards ont été débloqués par le Congrès, et 350 millions effectivement distribués. Ce qui a valu au président l’ire de nombreux activistes de la lutte antisida. À la colère s’ajoute maintenant l’incompréhension. Là où tous attendaient que l’Inde ou la Chine, très touchées par l’épidémie et où les projections sont particulièrement inquiétantes, soient désignées « quinzième pays bénéficiaire du PEPFAR », le locataire de la Maison Blanche a choisi de privilégier un État qui ne compte « que » 130 000 séropositifs. Selon lui, le Vietnam, qui devrait connaître une multiplication par huit de sa prévalence d’ici à 2010, mérite cette aide car, contrairement aux deux géants asiatiques, « il n’est pas dans le déni face à la maladie ».

Les véritables raisons de ce choix semblent être ailleurs. Il se trouve que le Vietnam est l’un des rares pays où la très grande majorité des contaminations (entre 80 % et 90 % selon les estimations) est causée par les injections de drogues intraveineuses, et principalement d’héroïne. Investir dans ce pays pour Bush signifie donc financer des programmes de lutte contre la drogue, et ainsi éviter l’épineuse question du préservatif. En effet, le président américain s’est souvent retrouvé en porte-à-faux sur les questions de sexualité. D’un côté, il doit satisfaire son électorat ultraconservateur et religieux, de l’autre, faire face aux activistes qui lui rappellent sans cesse qu’il est insuffisant de s’en tenir au financement de programmes favorisant l’abstinence et la fidélité, et de ne pas recommander l’utilisation du préservatif. En mettant le cap sur l’Asie, le président espère escamoter la difficulté. Il est vrai qu’en cette année électorale la lutte contre le sida n’est pas la seule qu’il a à mener.

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