Washington entrouvre la porte

L’Amérique apporte sa bénédiction à la reprise des pourparlers entre les deux pays.

Publié le 28 mai 2007 Lecture : 2 minutes.

Les Américains sont en train d’infléchir leur politique à l’égard de la Syrie et le font savoir à leurs amis israéliens. Il y a quelques mois encore, les ouvertures du président Bachar al-Assad quant à une reprise des négociations avec l’État hébreu étaient accueillies à Washington par un niet catégorique. Aux yeux de George W. Bush, les offres de paix de Damas n’avaient pas d’autre objectif que d’aider le régime syrien à sortir de son isolement diplomatique. Et il n’était pas question de se prêter à une telle manuvre. Condoleezza Rice, la secrétaire d’État, devait le rappeler régulièrement à ses interlocuteurs à Jérusalem. Le gouvernement d’Ehoud Olmert avait une position moins tranchée. Du côté des services spéciaux, les réactions étaient contrastées. Le général Meir Dagan, le patron du Mossad, était hostile à tout dialogue avec Assad, tandis que son collègue du renseignement militaire, le général Amos Yadlin, y était favorable.
Le changement d’attitude de Washington, à en croire des indiscrétions du quotidien Haaretz en date du 21 mai, serait assorti de conditions préalables passablement contraignantes. Certes, Israël est en droit de traiter avec la Syrie de l’avenir du Golan, des problèmes de sécurité et de la paix. Mais il doit s’interdire de parler, fût-ce indirectement, des positions des États-Unis sur le Moyen-Orient, et en particulier du Liban. Les Américains insisteraient : sur le Golan, il revient aux Israéliens et aux Syriens de décider, mais les mêmes Israéliens n’ont pas intérêt à évoquer avec les Syriens ce que feront les Américains, et encore moins à leur faire la moindre promesse à ce sujet. Enfin, toute discussion sur le Liban, répètent les Américains, devrait être exclue.
Un détail significatif : les accusations et récriminations formulées traditionnellement, voire mécaniquement par l’administration Bush contre la Syrie sont désormais passées sous silence. À croire que du jour au lendemain, Damas n’abrite plus les « organisations terroristes », ne se livre plus au trafic d’armes à destination du Hezbollah et des Territoires occupés ou encore que la Syrie a rompu son alliance stratégique avec l’Iran.
Deux événements ont sans doute influé sur le changement d’attitude de Washington : le sommet arabe de Riyad (28-29 mars), qui a solennellement relancé l’Initiative arabe de paix, et la conférence de Charm el-Cheikh sur l’Irak (3-4 mai), qui a permis à Condoleezza Rice de rencontrer Walid Moualem, son homologue syrien. Mais on ne peut exclure des considérations géopolitiques plus larges. Diverses données, à commencer par le bourbier irakien, donnent à penser que l’administration Bush n’a pas renoncé à intervenir dans le bon sens au Moyen-Orient. Plus précisément, on prête au département d’État l’intention de préparer une conférence internationale sur le conflit israélo-arabe à laquelle seraient conviés l’État juif et l’Autorité palestinienne, mais aussi la Syrie. La réaction immédiate de l’ambassadeur américain Richard Jones a été de se déclarer « surpris » de l’article de Haaretz, mais il s’est bien gardé de lui opposer aucun démenti. Il a même indiqué que les États-Unis n’empêchaient pas Israël d’« engager un dialogue avec la Syrie », tout en se disant persuadé que les Israéliens ne faisaient pas plus confiance à la Syrie que les Américains.

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