[Tribune] Dur, dur d’être étudiant !

Camara Laye, Williams Sassine, Tierno Monénembo, Djibril Tamsir Niane, Kiridi Bangoura, Alpha Condé… Qu’ils soient décédés ou bien vivants, tous ont étudié en France, et leur contribution à l’histoire du pays est indéniable.

Sur un campus, à la périphérie de Casablanca. © Guillaume Molle pour JA

Sur un campus, à la périphérie de Casablanca. © Guillaume Molle pour JA

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Publié le 2 octobre 2018 Lecture : 2 minutes.

Le marché Madina, à Conakry (photo d’illustration). © Sylvain CHERKAOUI pour Jeune Afrique
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Guinée : soixante ans d’indépendance

1958-2018. Soixante ans plus tard, le pays de Sékou Touré et d’Alpha Condé renoue avec les espoirs de l’indépendance.

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Aujourd’hui encore, nombreux sont les jeunes Guinéens qui, à chaque rentrée académique, comme leurs aînés dans les années 1950, 1960 et 1970, posent leurs valises dans l’Hexagone afin d’y poursuivre leurs études. En 2017, on en recensait plus de 4 100 inscrits dans les établissements d’enseignement supérieur hexagonaux.

Malgré le parcours du combattant qu’ils doivent vivre pour obtenir des services consulaires le visa étudiant, indispensable sésame pour prétendre à une nouvelle vie et à de nouveaux savoirs, quitter le pays ne les désole guère. Au contraire, c’est une fête, une réjouissance, qui prend d’autant plus de sens et d’importance que le candidat au voyage est issu d’un milieu peu favorisé. Il est alors porteur de tous les espoirs d’une famille qui, souvent, a consenti d’énormes sacrifices pour lui donner des chances de réussir.

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Pourtant, depuis le début des années 1990, un étudiant guinéen à l’étranger, en particulier en France, vit un peu comme un enfant abandonné par sa mère. Abandonné par sa patrie, en l’occurrence. En effet, depuis plus de vingt ans, la Guinée, indifférente, ne semble plus se soucier le moins du monde du sort de ses ressortissants partis apprendre à l’étranger.

7 000 euros nécessaires pour espérer obtenir un visa étudiant

Jamais elle ne vient à leur rescousse lorsqu’ils doivent faire face aux dépenses administratives énormes auxquelles ils sont astreints ou à des problèmes d’intendance. Pour s’en sortir, la plupart concilient les cours avec des petits boulots. Leur (sur)vie quotidienne et la garantie de leur séjour sur le territoire français en dépendent.

Les diplômés des universités françaises sont par ailleurs de moins en moins enclins à rentrer en Guinée

L’État guinéen, qui n’accorde plus aucune bourse à ses élèves les plus méritants, fait par défaut la promotion de la sélection par l’argent aux dépens de l’excellence. Et faire des études en France n’est désormais possible que lorsque vous en avez les moyens. À commencer par les 7 000 euros nécessaires pour espérer obtenir un visa étudiant.


>>> À LIRE – « Un étudiant, une tablette » : d’où vient le malentendu entre Alpha Condé et les étudiants ?

Une fois leur cursus bouclé, les diplômés des universités françaises sont par ailleurs de moins en moins enclins à rentrer en Guinée. Beaucoup s’y voient reprocher leur exubérance, leur manque de réserve, leur esprit critique à l’égard de la société, etc. À tel point qu’ils proposent de plus en plus volontiers leurs services sous d’autres cieux, où leur valeur est reconnue et, si possible, correctement rétribuée.

Les années passant, la Guinée semble oublier l’essentiel. Qu’elle ne célébrerait pas aujourd’hui ses soixante ans d’indépendance si des esprits éclairés, et ce grâce à l’école, puis à l’université, ne s’étaient pas battus pour elle.

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