Signature du traité de la Tafna

Publié le 28 mai 2007 Lecture : 2 minutes.

En avril 2004, les présidents Abdelaziz Bouteflika et Jacques Chirac ont annoncé leur intention de conclure entre l’Algérie et la France un traité d’amitié qui n’est sans doute pas près de voir le jour. Il existe pourtant un précédent, qui remonte, il est vrai, au tout début de la colonisation, il y a cent soixante-dix ans.
Chef des tribus de l’Ouest algérien, l’émir Abdelkader, après avoir héroïquement tenté, entre 1831 et 1837, de résister à l’invasion des troupes commandées par le lieutenant-général Bugeaud, est contraint de s’incliner. Les négociations ont lieu au bord de la Tafna, une rivière qui traverse la région d’Aïn Temouchent, à une cinquantaine de kilomètres d’Oran, place forte de l’armée coloniale. Le 30 mai 1837, un traité de paix est conclu. Il comporte quinze articles et reconnaît la souveraineté française sur tout le littoral algérien. Le pays profond, du moins jusqu’aux limites méridionales de la régence d’Alger, est placé sous l’autorité de l’émir. Y compris Tlemcen et sa citadelle, où une importante garnison française est cantonnée – et régulièrement harcelée par les combattants d’Abdelkader.

Mais cette concession territoriale à un prix. L’émir est contraint de verser à l’armée française 30 000 mesures de blé, 30 000 mesures d’orge et 5 000 bovins. Il perd en outre toute autorité sur les musulmans résidant sur le territoire annexé. Ces derniers conservent, en revanche, le droit de construire des mosquées et de choisir leurs chefs religieux.
Le traité de la Tafna instaure par ailleurs la liberté de commercer entre les deux territoires, mais dispose que l’ensemble des échanges extérieurs de la régence devront transiter par les ports sous contrôle français. Les colons sont en outre autorisés à acquérir des fermes et des propriétés sur les terres administrées par Abdelkader, ce dernier s’engageant à les indemniser pour « tous les dommages que les Arabes pourront leur causer ».
L’extradition existait déjà, en ce temps-là. L’article 12 du traité prévoit en effet que « les criminels, sur les deux territoires, seront réciproquement livrés ». Il impose par ailleurs la présence d’agents français dans les territoires placés sous la juridiction de l’émir, où ils sont censés servir d’intermédiaire. Le premier acte de la conquête de l’Algérie s’achève.

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