RDC : la Sokimo s’inquiète de l’impact de la fusion Barrick/Randgold à Kibali

Dans un communiqué, la Société minière de Kilo-Moto SA (Sokimo), contrôlée par l’État, proteste contre la fusion sans concertation des deux géants du secteur, qui introduirait selon elle un nouveau partenaire dans la mine d’or de Kibali en lieu et place de Randgold Resources, actuellement actionnaire à 45 %.

La mine d’or à ciel ouvert KCD, exploitée par Randgold, sur le site minier de Kibali en République démocratique du Congo, le 1er mai 2014. © Pete Jones/Reuters

La mine d’or à ciel ouvert KCD, exploitée par Randgold, sur le site minier de Kibali en République démocratique du Congo, le 1er mai 2014. © Pete Jones/Reuters

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Publié le 28 septembre 2018 Lecture : 2 minutes.

Quatre jours après l’annonce de la fusion entre le numéro un mondial de l’or, Barrick, et le deuxième producteur africain, Randgold Resources, l’opérateur public du secteur aurifère en RDC, Sokimo, s’insurge dans un communiqué contre « cette énième illustration d’opérations de cession de contrôle entre grands groupes mondiaux, conçues et structurées pour s’imposer sans discussion préalable dans les pays d’où sont extraites les ressources qui font leur richesse ».

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Cette fusion, que « Sokimo a appris par voie de presse », précise l’entreprise, « introduirait de fait un nouveau partenaire dans le projet Kibali », la plus grande mine d’or du pays opérée par Kibali Goldmines, une société dont Randgold Resources et le sud-africain AngloGold Ashanti sont actionnaires à 45 % chacun – l’État, via la Sokimo, étant propriétaire des 10 % restant.

Le communiqué souligne en outre qu’un accord de partenariat a été récemment signé entre Barrick Gold et le chinois Shandong Gold Group Co., Ltd. (sous la forme d’un accord mutuel d’investissement en capital, à hauteur de 300 millions de dollars), s’inquiétant de ses conséquences potentielles au niveau local. « Sokimo étudie plus en détail la documentation disponible pour l’heure et fera valoir ses droits », martèle la société congolaise.

Reprise en main des ressources

La fusion des deux géants intervient alors que la RDC tente de reprendre la main sur ses ressources minières. Le président, Joseph Kabila, a promulgué en mars dernier un nouveau code minier qui prévoit une forte hausse des taxes sur les « substances stratégiques », et que la Gécamines – l’équivalent de la Sokimo pour le cuivre et le cobalt – a entamé la renégociation de ses contrats avec ses partenaires internationaux.

Le 12 septembre dernier, à l’occasion de la troisième conférence minière de la RDC à Kolwezi, le chef de l’État a notamment exigé « la participation des Congolais dans le capital des entreprises minières et la mise en œuvre effective de l’exclusivité [qui] leur [est] reconnue dans la réalisation de la sous-traitance ».

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La mine de Kibali, qui a produit son premier lingot d’or le 24 septembre 2013, a produit près de 600 000 onces (18,7 tonnes) d’or en 2017, générant 287,7 millions de dollars (246 millions d’euros) de profit. Sa production, en hausse constante tout au long de l’année 2017, progresse encore et devrait atteindre les 730 000 onces fin 2018. Ses réserves sont estimées à 8,7 millions d’onces, selon Randgold.

« Aucune conséquence », répond Randgold

Quelques heures après le communiqué de la Sokimo, Rangold Resources a rendu publique sa réponse à son partenaire, estimant que « la fusion proposée n’aurait aucun effet sur Kibali Goldmines SA » et affirmant que « l’accord de coentreprise et la documentation connexe ne contiennent aucune disposition donnant à Sokimo des droits résultant de la fusion proposée. »

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La société cotée à Londres assure en outre avoir mené des consultations après l’annonce de la fusion, tant avec le conseil d’administration et la direction de Sokimo, qu’avec le ministre congolais des Mines, Martin Kabwelulu.

L’article a été mis à jour après le communiqué de Rangold Resources.

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