Burundi : le mandat de la Commission d’enquête des Nations unies prolongé d’un an

Chargé d’enquêter sur les graves violations des droits de l’homme au Burundi, la Commission d’enquête des Nations unies a vu son mandat prolongé d’un an.

Des Imbonerakure coursent des manifestants de l’opposition, sans en être empêchés par les forces de l’ordre, à Bujumbura le 25 mai 2015. © Berthier Mugiraneza/AP/SIPA

Des Imbonerakure coursent des manifestants de l’opposition, sans en être empêchés par les forces de l’ordre, à Bujumbura le 25 mai 2015. © Berthier Mugiraneza/AP/SIPA

Publié le 28 septembre 2018 Lecture : 2 minutes.

Proposée par l’Union européenne, la résolution a été adoptée par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU par 23 voix sur les 47 États siégeant actuellement au sein de l’institution. Dix-sept pays se sont abstenus, et 7 ont voté contre. La Commission d’enquête a publié un rapport le 5 septembre, dans lequel elle pointe de graves violations des droits de l’homme, dont des crimes contre l’humanité, qui se sont poursuivis sans discontinuer au Burundi en 2017 et 2018.

« Approfondir ses investigations »

Dans le viseur de la Commission d’enquête : les membres du service national de renseignement, de la police, de l’armée, et les Imbonerakure (ligue des jeunes du parti au pouvoir), accusés d’être responsables de la majorité de ces violations des droits de l’homme. La résolution « condamne avec la plus grande fermeté tous les actes de violence commis au Burundi par l’ensemble des parties ou des individus » et décide de proroger le mandat de la Commission « afin qu’elle puisse approfondir ses investigations ».

Depuis le début de ses travaux en 2016, la Commission n’a jamais été autorisée à se rendre sur place

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Dans un communiqué, le président de la Commission d’enquête, Doudou Diène, a salué la décision prise par le Conseil. « À l’approche des élections de 2020, le gouvernement du Burundi doit s’engager fermement et sans équivoque à mettre immédiatement un terme aux violations des droits de l’Homme commises dans le pays. Il doit aussi en poursuivre les auteurs présumés et apporter aux victimes l’assistance et les soins dont elles ont besoin », a-t-il insisté.

Depuis le début de ses travaux en 2016, la Commission n’a jamais été autorisée à se rendre sur place. Ses membres ont également été menacés de poursuites judiciaires par les autorités burundaises.

Le gouvernement dénonce une « conspiration »

L’ambassadeur burundais auprès de l’ONU, Rénovat Tabu, a dénoncé vendredi la « conspiration » dont son pays « est victime devant ce Conseil », l’accusant d’être « instrumentalisé, politisé ». Il a également qualifié le contenu de la résolution de « choquant et insidieux ».

Le Burundi traverse une profonde crise depuis l’annonce en avril 2015 de la candidature du président Pierre Nkurunziza à un troisième mandat. Sa réélection en juillet de la même année avait été le théâtre de violences, qui avaient fait au moins 1 200 morts et plus de 400 000 déplacés. La Cour pénale internationale (CPI) avait alors ouvert une enquête dans la foulée.

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Dans sa résolution, le Conseil déplore par ailleurs que le Burundi ait suspendu toute coopération avec le Haut Commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme. Il y a un an, le Conseil avait aussi décidé, avec l’appui du groupe africain et le soutien du Burundi, d’envoyer trois experts chargés de « travailler en coopération » avec le gouvernement. Mais selon l’ONU, le Burundi a également refusé de travailler avec ces experts, révoquant leurs visas en avril.

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