RDC – Belgique : ce que Joseph Kabila a dit à Charles Michel à New York
Dans un contexte de rapports tendus entre leurs deux pays, le Premier ministre belge, Charles Michel, et le président congolais, Joseph Kabila, se sont entretenus ce vendredi à New York. De quoi ont-ils parlé ?
S’achemine-t-on vers une décrispation entre Kinshasa et Bruxelles ? Ce vendredi 28 septembre, le président congolais, Joseph Kabila, a reçu dans sa suite de Lotte New York Palace le Premier ministre belge, Charles Michel. Une rencontre en tête-à-tête qui a duré « une heure », selon un membre de la délégation de la RDC, présent à New York, en marge de la 73e Assemblée générale des Nations unies.
Avant l’échange entre les deux hommes, la réunion a démarré durant une trentaine de minutes en présence de Léonard She Okitundu, chef de la diplomatie congolaise, Néhémie Mwilanya Wilondja, directeur de cabinet, et de Barnabé Kikaya Bin Karubi, conseiller diplomatique de Joseph Kabila, d’un côté, et de Stéphane Mund, conseiller diplomatique de Charles Michel, de l’autre.
Un « entretien plutôt positif », selon Charles Michel
Côté belge, Charles Michel a insisté sur la « désescalade ». Depuis plusieurs mois, son pays et la RDC se sont engagés dans un bras de fer, à coups de mesures de rétorsion réciproques : Kinshasa a ainsi exigé fin janvier la fermeture de la Maison Schengen, sorte de consulat de l’Union européenne géré par Bruxelles dans la capitale congolaise, après la décision des autorités belges de ne plus passer par la coopération du gouvernement congolais pour leur aide au développement.
À cela s’ajoutent la rupture de la coopération militaire et la réduction de la fréquence des vols de Brussels Airlines en destination de la RDC. « Les rapports diplomatiques se retrouvent aujourd’hui au plus bas, comme en témoigne l’absence d’ambassadeurs à Bruxelles et à Kinshasa », rappelle une source proche du dossier.
« On a eu un entretien qui était plutôt positif, très utile pour essayer de se comprendre mutuellement », a déclaré Charles Michel à la presse à l’issue des discussions avec les officiels congolais. Le Premier belge a dit même espérer, « sur le plan bilatéral, (…) que l’on pourra enregistrer des progrès ».
Kinshasa fait monter les enchères
Côté congolais, à en croire son entourage, Joseph Kabila a souhaité avant tout la résolution des « questions éminemment politiques provoquées par la Belgique et qui heurtent le gouvernement et le peuple congolais ».
Concrètement, Kinshasa attend de Bruxelles « la levée des sanctions injustes contre [ses] dignitaires », notamment le gel des avoirs et l’interdiction de voyager dans l’Union européenne imposés aux proches du président Kabila et parmi eux à son dauphin, Emmanuel Ramazani Shadary. Cet ancien vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur, aujourd’hui candidat du camp au pouvoir pour la présidentielle du 23 décembre, a été sanctionné fin mai 2017 par l’UE notamment pour « entraves au processus électoral et violations des droits de l’homme qui y étaient liées ».
Pour les autorités congolaises, « c’est Bruxelles qui a instrumentalisé l’UE pour que celle-ci prenne ces sanctions ciblées ». Dans leur viseur : Didier Reynders, ministre belge des Affaires étrangères. « Nous lui reprochons son activisme et son ingérence dans les affaires de la RDC, particulièrement dans le processus électoral en cours dans notre pays », confirme une source diplomatique congolaise. Présent à New-York, Didier Reynders a pu croiser tout de même Joseph Kabila, le mardi 25 septembre, dans les couloirs du bâtiment des Nations unies.
« Le ministre l’a rencontré de manière fortuite », précise l’entourage du chef de la diplomatie belge. « Faux, rétorque un proche de Joseph Kabila. Il a tout fait pour ‘coincer’ le président. Ils se sont serrés la main et ont échangé quelques mots de politesse ». Au-delà de ces contacts, rien n’indique clairement si Kinshasa et Bruxelles sont vraiment prêts à repenser leurs relations.
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