Plusieurs Africains déjà poursuivis

Publié le 29 mai 2007 Lecture : 2 minutes.

Jean-Pierre Bemba et Ange-Félix Patassé ne le sont pas encore, mais plusieurs Africains font d’ores et déjà l’objet de poursuite par la Cour pénale internationale (CPI). Parmi eux, le très sanguinaire chef de guerre Joseph Kony, leader de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA), la rébellion qui sévit dans le nord de l’Ouganda depuis vingt ans, est également dans le viseur de Luis Moreno-Ocampo, procureur de la CPI. Le 27 septembre 2005, ce dernier a lancé des mandats d’arrêt internationaux contre Kony et quatre de ses lieutenants : Vincent Otti, Raska Lukwiya, Okot Odhiambo et Dominic Ongwen. Tous sont inculpés de crimes contre l’humanité et crimes de guerre. En conflit contre le pouvoir de Kampala, prétendument au nom des « Dix Commandements de Dieu », les prévenus sont accusés d’avoir perpétré des exactions d’une rare barbarie. Meurtres, enlèvements d’enfants, viols, esclavage, tortures, lavages de cerveau Le bilan est lourd. Au total, 20 000 enfants auraient été kidnappés, plus de 1 million de personnes déplacées et 100 000 civils tués depuis le début des hostilités en 1986.
Alors que le leader du LRA coule des jours tranquilles dans le maquis, le Congolais Thomas Lubanga, lui, a été extradé le 17 mars 2006 vers les Pays-Bas dans un Hercule C-130 de l’armée de l’air française, puis emprisonné au centre de détention haute sécurité de Scheveningen. Trois jours plus tard, ce chef de milice, âgé de 47 ans, comparaissait pour la première fois devant la CPI. Le chef historique de l’Union des patriotes congolais (UPC), l’un des six groupes armés actifs en Ituri (nord-est de la République démocratique du Congo) au début des années 2000, est poursuivi pour « l’enrôlement d’enfants de moins de 15 ans contraints de participer activement à des hostilités » entre août 2002 et mars 2003. Lubanga qui, selon la procureure adjointe du CPI, Fatou Bensouda, « porte la responsabilité de crimes allant de la conscription d’enfants aux massacres de masse, en passant par les violences infligées aux femmes ». Et risque sinon la réclusion criminelle à perpétuité, du moins une très lourde peine de détention.
Quatre ans après l’éclatement, en 2003, de la guerre civile dans l’immense province soudanaise du Darfour, qui a fait 250 000 personnes tuées et 2,5 millions déplacées par l’armée et les Djandjawids, les milices arabes locales, la CPI a décidé d’intervenir. Le 27 février 2007, Luis Moreno-Ocampo a inculpé l’ancien ministre soudanais de l’Intérieur, Ahmed Haroun, devenu secrétaire d’État aux Affaires humanitaires, et Ali Kosheib, l’un des leaders des milices djandjawids. Le procureur a recensé contre eux « 51 chefs de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre, dont persécution, meurtre, torture et viol commis dans l’ouest du Darfour entre août 2003 et mars 2004 ». En épinglant les auteurs de massacres sur le continent, la CPI semble lancer un signal à tous les donneurs d’ordre et autres hauts responsables des pays qui restent dans sa ligne de mire.

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