Parcours du combattant

Publié le 30 mai 2007 Lecture : 2 minutes.

Pour embarquer à bord du vol Toumaï Air Tchad en partance de Douala, les formalités administratives sont relativement légères : on n’exige plus de visa des Camerounais désirant se rendre à N’Djamena, une pièce d’identité suffit. Mais il en va tout autrement pour ceux qui se rendent à Libreville ou à Malabo. Si le Tchad et le Cameroun expérimentent déjà la libre circulation des personnes sans incident majeur, tous les États membres de la Cemac ne l’ont pas encore adoptée. Toutefois, les réticences du Gabon et de la Guinée équatoriale, qui se sont longtemps opposés à l’ouverture pure et simple de leurs frontières aux ressortissants de la Communauté, sont en passe d’être vaincues. Lors du dernier sommet de l’organisation, Teodoro Obiang Nguema et Omar Bongo Ondimba ont finalement accepté de fixer à juillet prochain l’entrée en vigueur du passeport Cemac. Les chefs d’État ont cependant renvoyé à une prochaine réunion ministérielle les modalités d’application de cette mesure.
Si elle est inéluctable à terme, la levée des barrières frontalières se heurte surtout à un déficit de confiance entre les différents gouvernements des pays membres. En attendant qu’elle soit adoptée de manière unilatérale, les fermetures inopinées, les expulsions et les incidents diplomatiques continuent d’entacher les relations communautaires.

En 2004, à la suite de l’arrestation au Zimbabwe d’un groupe de mercenaires qui préparaient un coup d’État contre le régime équatoguinéen, Malabo décide d’expulser plusieurs centaines d’étrangers de son territoire, dont près de 1 500 ressortissants camerounais. À la crise diplomatique s’ajoute la pression d’une opinion publique camerounaise passablement agacée par cette décision jugée aussi brutale qu’arbitraire. Des manifestants en colère tentent même de s’attaquer au consulat équatoguinéen de Douala. Une rencontre entre les deux chefs d’État permettra néanmoins d’aplanir les divergences.
En décembre 2006, Malabo ferme de nouveau sa frontière continentale avec le Cameroun à Kye Ossi, principal point de passage entre les deux pays. La mesure est justifiée par un simple fait divers : la famille d’un Camerounais soupçonné de vol en Guinée équatoriale manifeste sa colère au poste-frontière à la suite de l’arrestation du suspect. Les autorités locales décident alors de fermer le poste-frontière, un geste entériné par l’administration centrale. Là encore, des représentants des deux gouvernements ont dû se parler pour rétablir le calme et rouvrir la frontière le 11 avril dernier.
S’agissant de la liberté d’établissement, le Gabonais désirant s’installer au Cameroun doit obtenir un visa de trois mois renouvelable une fois, dans la perspective d’acquérir un titre de séjour pour l’obtention duquel il devra payer 120 000 F CFA. Tandis qu’un Camerounais souhaitant s’établir au Gabon devra verser 159 000 F CFA pour obtenir ce précieux sésame. Ce qui constitue un sérieux retard par rapport aux pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), où la libre circulation des personnes autant que le libre établissement sont effectifs depuis 2004.

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