Donald Trump à l’Arabie saoudite : « Sans nous, qui sait ce qui peut arriver ? »
Mécontent des hausses du prix du baril de pétrole, le président américain s’en est pris à l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et à l’Arabie saoudite.
En politique internationale, le président américain Donald Trump privilégie le rapport de force. Y compris avec ses alliés et ses partenaires les plus stratégiques. « L’Opep (…) est en train d’arnaquer le reste du monde. Et je n’aime pas ça (…). Nous avons défendu beaucoup de ces nations [membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), ndlr], pour rien. Et ils tirent profit de nous en nous donnant des prix de pétrole élevés. Nous voulons qu’ils cessent d’augmenter leurs tarifs », a-t-il déclaré lors de son discours à l’Assemblée générale (AG) de l’ONU, mercredi 26 septembre.
Dans le viseur du président américain : l’augmentation du prix du baril, qui a atteint vendredi 28 septembre les 83 dollars, contre 55 il y a un an. Selon les données de l’Opep, les États-Unis produisent près de 16,5 millions de barils par jour, pour une consommation de plus de 20 millions de barils par jour.
Je lui ai dit : Roi, sans nous, peut-être que vos avions seraient attaqués
L’Arabie saoudite, pays moteur de l’Opep, dont les dirigeants affichent leur proximité avec le président américain, est à l’évidence visé. Samedi, Donald Trump a eu une discussion téléphonique avec le roi Salman, qu’il a rapportée en ces termes, samedi 29 septembre, lors d’un discours en Virginie-Occidentale : « Je lui ai dit : “Roi, vous avez des milliards de dollars. Sans nous, qui sait ce qui peut arriver ? Sans nous, peut-être que vous n’arriverez pas à garder vos avions, parce qu’ils seraient attaqués.” » Le président américain s’est notamment interrogé sur l’utilité des « subventions » accordées à l’Arabie saoudite pour l’achat de son armement.
Reçu en grande pompe à Riyad en mai 2017, Donald Trump avait spectaculairement renoué les liens entre les États-Unis et le royaume wahhabite, après des années sous la présidence de Barack Obama, marquées par des relations tendues entre les deux partenaires. Pour autant, le président américain avait déjà fait part de son agacement vis-à-vis de l’Opep lors de sa campagne électorale.
Augmentation de la production pétrolière
Début juin, le gouvernement américain avait discrètement demandé à l’Arabie saoudite d’intensifier sa production à un million de barils par jour. Une demande en partie satisfaite fin juin par l’Opep, qui avait décidé d’une augmentation de la production.
Ce que n’a pas manqué de rappeler le ministère saoudien du Pétrole, Khalid al-Falih, dimanche 23 septembre, lors d’une réunion interministérielle à Alger : « Les pays membres ont répondu de très bonne manière ces trois derniers mois (…) pour compenser la baisse de la production en Iran, au Venezuela et au Mexique. » Au mois d’août, la production a dépassé la barre des 100 millions de barils par jour, dont 32,5 millions produits par les pays membres de l’Opep. Sans que l’augmentation des prix ne soit ralentie.
Selon les spécialistes, l’Arabie saoudite espère que le cours atteindra les 87 dollars avant la fin de l’année. Le royaume compte sur la manne pétrolière pour équilibrer son budget à l’horizon 2023.
De son côté, le président français Emmanuel Macron a fait valoir lors de l’AG de l’ONU qu’ « il serait bon pour le prix du pétrole que l’Iran puisse le vendre », faisant explicitement référence aux sanctions américaines contre la République islamique.
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