Cinéma : le festival d’El Gouna, indispensable tremplin du cinéma arabe
Les prix remis lors de la cérémonie de clôture du Festival d’El Gouna, en Égypte, ont confirmé la richesse d’une industrie du cinéma arabe qui peine à exister.
« I will be back ! » Sur la gigantesque scène en plein air du Marina Theater d’El Gouna, Sylvester Stallone glisse quelques mots au micro pour célébrer la « magie » de l’Égypte, comparable selon lui à celle d’Hollywood. Puis il esquisse, pour le plaisir des photographes, quelques crochets et un uppercut dans le vide.
L’acteur recevait ce 28 septembre un prix célébrant sa carrière. Il était avec une autre guest-star américaine, Owen Wilson, l’une des attractions les plus prisées des festivaliers de la petite station balnéaire d’El Gouna, changée l’espace de huit jours en Croisette de la mer Rouge.
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Devenir une « marque » pour mieux « vendre »
Pourtant, durant les projections, les conférences et à travers les récompenses, le festival a avant tout fait preuve de la diversité et de la qualité du cinéma arabe. Le palmarès reflète ainsi le souci des jurys de mettre en avant les films de la région. Pour chacune des grandes catégories récompensées (court-métrage, documentaire, fiction), un prix spécial était accordé à un film arabe.
Au-delà du festival de Carthage, El Gouna n’a pas vraiment de challenger dans la région
Cette mission est d’autant plus importante que tous les professionnels donnent pour mort et enterré le Festival international du film de Dubaï, longtemps plateforme importante de l’industrie locale.
« Il reste bien le festival de Carthage, dont la sélection est très rigoureuse, et beaucoup parlent de la création d’un nouvel événement dans les Émirats… Mais au-delà, El Gouna n’a pas vraiment de challenger dans la région. Marrakech est irrégulier et très bling-bling. Ce n’est pas un rendez-vous que les professionnels attendent. Le festival du Caire a été repris en main, mais doit encore faire ses preuves dans ses choix de programmation », estime une spécialiste du cinéma arabe, sous couvert d’anonymat.
Si, pour sa deuxième édition, le festival d’El Gouna continue sur sa lancée, il pourrait à terme devenir une « marque » reconnue, permettant de promouvoir plus facilement un cinéma arabe qui en a bien besoin. Nombre de réalisateurs, à l’image du Palestinien Bassam Jarbawi, qui présentait le long-métrage « Screwdriver », confient avoir beaucoup de mal à « vendre » leurs films à l’étranger, notamment dans les pays occidentaux.
Palmarès
Prix spécial récompensant la carrière : Sylvester Stallone
Prix « Cinéma pour l’humanité » : Another day of life de Raul de la Fuente et Damian Nenow, ex æquo avec Yomeddine de A. B. Shawky.
Court-métrage
Meilleur court-métrage arabe : Eyebrows de Tamer Ashry
Étoile de bronze : Sheikh’s watermelons de Kaouther Ben Hania
Étoile d’argent : Judgment de Raymund Ribay Gutierrez
Étoile d’or : Our song to war de Juanita Onzaga
Film documentaire
Meilleur documentaire arabe : Of fathers and sons de Talal Derki
Étoile de bronze : The swing de Cyril Aris
Étoile d’argent : Of fathers and sons de Talal Derki
Étoile d’or : Aquarela de Victor Kossakovsky
Meilleure actrice : Joanna Kulig dans Cold war
Meilleur acteur : Mohamed Dhrif dans Dear son
Prix spécial du jury : The man who surprised everyone, de Natalya Merkulova et Alexey Chupov
Fiction
Meilleure fiction arabe : Yomeddine de A. B. Shawky
Étoile de bronze : Heiresses de Marcelo Martinessi
Étoile d’argent : Ray and Liz de Richard Billingham
Étoile d’or : A land imagined de Siew Hua Yeo
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