Ellen Johnson-Sirleaf

Présidente de la République du Liberia

Publié le 29 mai 2007 Lecture : 3 minutes.

Dans son boubou bordeaux à pois beiges, une écharpe jetée sur l’épaule gauche, le tout assorti à sa coiffe, Ellen Johnson-Sirleaf ne ressemble pas aux clichés larmoyants inévitablement associés au petit pays de trois millions d’habitants qu’elle dirige. Le visage de la présidente du Liberia est volontiers souriant, et son discours à la fois optimiste et réaliste. C’est très probablement le souvenir qu’elle a laissé à ses interlocuteurs au cours de la tournée occidentale de quinze jours qui, après un voyage aux États-Unis puis un autre en Allemagne – non officiels -, s’est terminée par une brève escale à Paris. Moins de quarante-huit heures dans la capitale française : le 24 mai, Ellen Johnson-Sirleaf a tout juste eu le temps de rendre visite à Jeune Afrique, une heure durant, puis d’être le premier chef d’État africain à rencontrer le nouveau locataire de l’Élysée, Nicolas Sarkozy (qui s’apprêtait à recevoir, le lendemain, le président gabonais Omar Bongo Ondimba), qui a profité de cette rencontre pour afficher sa volonté d’entretenir de nouvelles relations avec le continent.

Quand elle a été officiellement investie, le 16 janvier 2006 (après avoir battu le très populaire footballeur George Weah au second tour de la présidentielle), l’ancienne haut fonctionnaire de la Banque mondiale a trouvé un pays mis à genoux par quatorze années d’une guerre civile et de pillages (1989-2003) : pas d’électricité dans la capitale, routes défoncées, taux de scolarisation dérisoire, chômage vertigineux, État végétatif Un océan de priorités, répète à l’envi l’ancienne militante.
Depuis, des améliorations substantielles ont été apportées, et Monrovia a en partie retrouvé l’eau et la lumière. L’embargo sur les diamants, qui avaient permis aux miliciens, de Charles Taylor notamment, de se fournir en armes, a été levé. Idem pour l’interdiction d’exporter du bois. C’est peu et beaucoup à la fois. « Ce que nous n’avons toujours pas réglé, c’est le chômage », reconnaît en revanche Ellen Johnson-Sirleaf. Peut-être parce qu’il faut un certain pragmatisme pour sortir du total dénuement, celle que les Libériens surnomment aussi bien « Mummy » (« Ellen » est quatre fois mère et sept fois grand-mère) que « Iron Woman » (la dame de fer) ne manie pas la langue de bois. Oui, le secteur privé libérien est très « faible » et il faut le rendre attractif ; non, le Liberia, comme le reste de l’Afrique, ne peut se permettre de refuser le « cash » chinois ; oui, il faut mieux rémunérer les cerveaux pour les garder au pays ; non, la présidente ne dispose pas d’une majorité à l’Assemblée nationale, mais ainsi va la politique
Dénué de cynisme, son pragmatisme s’applique aussi à la politique étrangère. La première femme du continent élue à la présidence de la République a bien compris l’intérêt que les grands de ce monde lui portent. À l’heure d’une vague féminine très tendance, s’afficher au côté d’une icône de la modernité et de l’inflexibilité morale – image que véhicule Ellen Johnson-Sirleaf – n’est pas sans entraîner quelque retombée politique Alors, quand elle se rend à Berlin, la présidente libérienne est reçue par la chancelière allemande, Angela Merkel, hôte du prochain sommet du G8 (le groupe des huit pays les plus industrialisés de la planète), qui doit se tenir du 6 au 8 juin. Quelques jours avant, aux États-Unis, c’est l’une des possibles candidates à la présidentielle de 2008, Hillary Clinton. Et à Paris, même si la visite à l’Élysée n’est pas initialement programmée, Nicolas Sarkozy. En mars 2006, ce dernier, alors en précampagne, avait déjà tenu à rencontrer la présidente libérienne, de passage à Paris, et fait pour cela le déplacement jusqu’à l’ambassade L’équipe d’Ellen Johnson-Sirleaf se souvient encore de cet égard.

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Au fil de ses nombreux voyages, elle réussit toujours à arracher quelques promesses : l’annulation de la dette du Liberia devrait être au programme du sommet du G8. Nicolas Sarkozy et Angela Merkel lui ont apporté son soutien. À n’en pas douter, elle aura également celui des États-Unis, « le partenaire numéro un » du pays.

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