Belles promesses

Les bailleurs de fonds se disent prêts à relancer leurs programmes d’aide au développement. A certaines conditions.

Publié le 29 mai 2007 Lecture : 3 minutes.

Les perspectives économiques du Togo sont étroitement liées à la capacité des autorités à renouer avec les bailleurs de fonds. Considérée par la communauté internationale comme la dernière condition avant une reprise progressive de la co opération, suspendue depuis le début des années 1990, la tenue d’élections législatives libres et transparentes constitue un passage obligé pour le pays. Le Togo affiche l’un des plus faibles ratios d’aide publique au développement rapporté au nombre d’habitants, soit 10 dollars par personne et par an. « La machine se remet en route pour ne pas perdre de temps après le scrutin. Les experts étrangers multiplient actuellement les missions afin de cibler les priorités », explique le ministre de l’Économie et du Développement, Daniel Koboè Kloutse.
En novembre 2006, le Fonds monétaire international (FMI) et Lomé ont conclu un programme de référence, d’une durée de neuf mois, dont le but est de préserver la stabilité économique et d’accélérer les réformes. Un plan qui, si sa conduite est jugée satisfaisante par l’institution en juin 2007, ouvrira la voie à un accord sur la Facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance (FRPC). L’objectif étant, à terme, d’engager également des discussions avec les principaux créanciers du pays dans le cadre de l’Initiative pour les pays pauvres très endettés (PPTE). Fin 2006, l’encours de la dette publique s’élevait à 1 106 milliards de F CFA (environ 1,7 milliard d’euros), soit 95 % du PIB. Pour espérer des remises de dette, le Togo doit poursuivre ses efforts dans quatre directions : amélioration de la gestion des dépenses publiques, assainissement du secteur bancaire, restructuration des entreprises publiques et réorganisation de la filière coton.
Si la mise en place de la FRPC nécessite de bonnes performances économiques, elle repose aussi sur le règlement des arriérés extérieurs auprès des trois principaux bailleurs multilatéraux : Banque mondiale (55 milliards de F CFA), Banque européenne d’investissement (10,8 milliards) et Banque africaine de développement (8,5 milliards). « La reprise de l’aide internationale est conditionnée par l’apurement de ces arriérés », explique le ministre des Finances Adji Otèth Ayassor. « Sans leur paiement, le Togo n’a pas droit au programme du FMI. Et sans programme, pas de relance de l’économie », a pour sa part dénoncé le Premier ministre Yawovi Agboyibo, le 5 avril dernier.
Depuis quelques mois, les partenaires du Togo ont, malgré tout, fait preuve de bonne volonté. En premier lieu figure Paris. « La France a toujours manifesté son intérêt pour le pays et a stimulé les autres bailleurs durant les moments de solitude », selon l’expression de l’ambassadeur français Alain Holleville. En 2006, Paris a versé une aide budgétaire de 2,5 millions d’euros (1,6 milliard de F CFA), utilisés pour rembourser les arriérés dus aux planteurs de coton. Une somme équivalente sera affectée au financement des élections. Après la signature, début avril, de deux conventions d’un montant total de 11,85 millions d’euros pour l’assainissement de Lomé notamment, les projets de l’Agence française de développement (AFD), sur plusieurs années, s’approchent des 33 millions d’euros.
L’Union européenne, qui a stoppé sa coopération en 1993 pour cause de « déficit démocratique », revient en force. En novembre 2006, Bruxelles a confirmé que le Togo pouvait toujours compter sur une enveloppe 40 millions d’euros dans le cadre du IXe Fonds européen de développement (FED, 2002-2006), dès lors que la date du scrutin serait fixée. Un programme de 18 millions d’euros, dont 13,5 millions affectés à des travaux de voirie, a d’ores et déjà été validé. Et une aide de 13,6 millions va être versée pour financer les élections législatives. La contribution de l’ensemble de la communauté internationale avoisinera les 20 millions. Beaucoup plus qu’un soutien, cette mobilisation résonne comme la promesse de lendemains meilleurs. De 3,5 milliards de F CFA en 2002, les dons au Togo sont passés à 19 milliards l’an dernier.

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