Musique : Sibongile Mbambo, la nostalgie de l’ubuntu

Dans un premier album mélancolique et percussif, « Bring Back Ubuntu », la chanteuse sud-africaine Sibongile Mbambo poursuit sa quête des origines.

« Bring Back Ubuntu », de la chanteuse Sibongile Mbambo, sort le 4 octobre 2018. © Patrick Gherdoussi

« Bring Back Ubuntu », de la chanteuse Sibongile Mbambo, sort le 4 octobre 2018. © Patrick Gherdoussi

leo_pajon

Publié le 2 octobre 2018 Lecture : 2 minutes.

Sur la pochette de son disque, elle pose avec d’impressionnantes parures en perles, une coiffe tressée très étudiée au-dessus d’un regard un peu dans le vague. Sibongile Mbambo semble une princesse zoulou en exil.

Installée à Marseille depuis une petite vingtaine d’années, l’artiste originaire du Cap n’a eu de cesse, depuis, de retrouver ses racines musicales sud-africaines. Ce premier album, Bring Back Ubuntu, dont la sortie est programmée pour le 4 octobre, a nécessité près de trois ans de maturation.

« Bring Back Ubuntu », de la chanteuse Sibongile Mbambo, sort le 4 octobre 2018. ©  Patrick Gherdoussi

« Bring Back Ubuntu », de la chanteuse Sibongile Mbambo, sort le 4 octobre 2018. ©  Patrick Gherdoussi

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L’ubuntu

Point d’orgue d’une aventure artistique singulière, à rebours de la musique commerciale, qui tente en sons et en mots de ressusciter la terre abandonnée, l’enfance, et donc l’ubuntu, ce concept philosophique intraduisible, prôné par Nelson Mandela et Desmond Tutu, selon lequel l’individu n’est rien sans ceux qui l’entourent.

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On retrouve dans ce disque ce qui fait la magie de Sibongile Mbambo et de son groupe sur scène. La voix grave, chaude, et polymorphe de l’artiste : claquements de langue caractéristiques du xhosa, jeu sur le souffle, chuchotements, exhortations. Mais aussi la guitare de Frédéric Salles, imitant les polyrythmies des arcs musicaux xhosas. Le saxophone soprano et la flûte de Lamine Diagne, apportant des notes jazzy. Les percussions métisses de Dimitri Reverchon, mélange d’éléments de batteries occidentales (grosse caisse…) et de percussions africaines (calebasse). À cela s’ajoute la « Bongi-box », une poubelle en plastique « made in » le Cap, sur laquelle Sibongile tape avec des mailloches.

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Histoires simples et chants plus militants

Ce qui est nouveau, c’est l’attention portée aux chœurs. « Ce travail d’harmonie avec d’autres chanteurs, presque systématique en Afrique du Sud, lui manquait beaucoup en France », décrypte Frédéric Salles. En plus de sa propre voix, qui joue parfois les chœurs, la chanteuse est donc accompagnée sur plusieurs titres par Sébastien Spessa, et par une chorale (sur la chanson « Wasala »).

« Take away » se change au fur et à mesure en clameur à plusieurs voix à la manière du « toyi-toyi », ce chant créé au Zimbabwe

Un titre qui commence comme une berceuse (« Take away », évoquant les cauchemars enfantins), se change au fur et à mesure en clameur à plusieurs voix à la manière du « toyi-toyi », ce chant créé au Zimbabwe, repris par les manifestants sud-africains pour intimider les forces de sécurité.

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Sur le long fil qui la relie à son pays, des petites perles musicales sont enchevêtrées. Sibongile raconte des histoires simples, du quotidien, évoquant par exemple une jeune fille qui écrit une lettre d’amour, ou un enfant qui pleure, croyant avoir été abandonné par sa mère. Mais son chant peut aussi se faire plus militant, comme dans « Wasala », hommage aux mineurs de fond, qui n’est pas sans rappeler la grève de Marikana, réprimée dans le sang par la police le 16 août 2012.

L’album, disponible à la vente sur bandcamp, est un pass très abordable pour se rendre en Afrique du Sud, le temps de dix titres. Un deuxième disque est déjà en préparation.

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