Angola : le groupe suisse Quantum Global proteste contre l’emprisonnement de son président

Alors que Jean-Claude Bastos de Morais, accusé de détournement de fonds, est emprisonné depuis le 24 septembre, un communiqué de son entreprise dénonce une manœuvre politique.

Jean-Claude Bastos de Morais. © Wikimedia / Creative Commons / Mdpc

Jean-Claude Bastos de Morais. © Wikimedia / Creative Commons / Mdpc

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Publié le 3 octobre 2018 Lecture : 3 minutes.

Dans un communiqué daté du 1er octobre, le groupe suisse Quantum Global dénonce la détention « illégale » et « injustifiée » de son président-fondateur, le Suisso-Angolais Jean-Claude Bastos de Morais, par les autorités angolaises. Bastos de Morais est un proche de José Filomeno dos Santos, le fils de l’ex-chef de l’État angolais, qui assurait la présidence du Fonds souverain angolais avant d’en être limogé, début janvier 2018, par le successeur de son père, le président João Lourenço.

Quantum Global avait été choisi comme gestionnaire d’actifs de Fondo Soberano de Angola (FSDEA), le fonds souverain angolais, à la tête de 5 milliards de dollars, lors de sa création en 2012, sans appel d’offres compétitif, et a investi la plus grande partie des sommes gérées en 2015. Avec près de 3 milliards placés par Quantum Global dans des investissements allant de dix à quinze ans, le FSDEA pèse un peu moins de la moitié du portefeuille du gestionnaire d’actifs suisse, créé en 2007 à Zoug (à 30 km au sud de Zurich).

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Le fils dos Santos, soupçonné d’avoir réalisé un transfert de 500 millions de dollars dans le cadre d’un plan qui aurait pu lui permettre de détourner 1,5 milliard de dollars, a été mis en examen en mars 2018 pour fraude. La justice angolaise accuse Jean-Claude Bastos de Morais des mêmes méfaits.

Emprisonné le même jour que le fils dos Santos

Le patron de Quantum Global a été emprisonné le 24 septembre, le même jour que José Filomeno dos Santos, alors les deux hommes étaient placés jusque-là sous contrôle judiciaire. Selon le procureur général angolais Alvaro da Silva Joao, « en raison de la complexité et de la gravité des faits et afin de garantir l’efficacité de l’enquête (…), le ministère public a décidé d’appliquer aux accusés une mesure de détention préventive ».

Pour Quantum Global, il s’agit d’une manœuvre destinée à forcer Bastos de Morais « à renoncer à ses droits et à céder tous les actifs et fonds gérés par le groupe ». « Ces tactiques ont été soutenues par la promotion d’un exposé trompeur diffusé par les médias contrôlés par le gouvernement » poursuit la communication.

Le fonds d’investissement suisse critique également les conditions de détention de son président. Il est détenu à la prison de Viana, généralement réservée aux délinquants violents. « Quantum Global estime que les dures conditions qui règnent à la prison de Viana constituent une nouvelle violation de ses droits humains et sont incompatibles avec un État qui se prétend démocratique et soumis à la règle de droit […] »  indique-t-il.

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Le dernier coup d’éclat du président angolais dans sa croisade anti-corruption

La détention de Jean-Clause Bastos de Morais et de José Filomeno dos Santos est le dernier coup d’éclat de João Lourenço dans sa croisade contre la corruption et le népotisme lancée dès son arrivée au pouvoir, fin septembre 2017. Les enfants dos Santos sont les premiers visés, avec le limogeage de l’aînée, Isabel, de la direction de la compagnie nationale de pétrole Sonangol et l’éviction de Tchizé et Coréon Dú de la chaîne de télévision publique TPA 2.

Les ennuis de Quantum Global avec les autorités angolaises ont débuté ont début au mois d’avril 2018. Le 12 avril, Maurice a gelé 25 comptes bancaires et suspendu sept licences liées à Quantum Global suite à une visite de responsables angolais. Parallèlement, la justice suisse a lancé une procédure pénale en avril en réponse aux informations faisant état d’infractions présumées concernant des avoirs détenus par la Banque nationale d’Angola et le FSDEA dans le pays.

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Récupérer la maîtrise des actifs

Le 27 avril, le fond souverain angolais, à la tête de 5 milliards de dollars, a retiré à Quantum Global la gestion de ses actifs, indiquant être préoccupé par la façon dont les investissements étaient réalisés. Empêtrée dans les difficultés budgétaires depuis la crise pétrolière de mi-2014, la présidence veut récupérer au plus vite la maîtrise  de ce fonds.

Fin avril, les autorités angolaises avaient obtenu le gel des 3 milliards de dollars gérés par Quantum Global, mais le groupe suisse avait finalement réussi à débloquer une partie de ces fonds à la fin du mois de juillet, divisant par trois les montants gelés, précise Reuters.

Jean-Claude Bastos de Morais avait été condamné en 2011 par la justice suisse pour des versements illégaux, et était cité les Paradise Papers comme « client à haut risque » du cabinet Appleby.

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