Présidentielle au Cameroun : ce qu’on ne vous a pas dit sur Joshua Osih

Pourquoi Joshua Osih, candidat à l’élection présidentielle pour le compte du Social democratic front (SDF), fait-il campagne sans « Première dame » ? Premier épisode de notre série en trois volets : « Ce qu’on ne vous a pas dit sur… »

Joshua Osih, candidat du SDF à la présidentielle du 7 octobre 2018 au Cameroun. © François Grivelet pour JA

Joshua Osih, candidat du SDF à la présidentielle du 7 octobre 2018 au Cameroun. © François Grivelet pour JA

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Publié le 3 octobre 2018 Lecture : 2 minutes.

Au Cameroun, les indépendantistes font peser une menace sur la présidentielle du 7 octobre 2018. © Akintunde Akinleye/REUTERS
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Présidentielle au Cameroun : huit candidats dans la course

Huit candidats, dont le président sortant Paul Biya, s’opposent lors de l’élection présidentielle du 7 octobre 2018. Un scrutin qui se déroule dans un contexte sécuritaire tendu, en particulier dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, secouées par un conflit opposant le gouvernement à des séparatistes.

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On a tout dit ou presque sur Paul Biya, président du Cameroun depuis 36 ans. En revanche, pas assez sur ceux qui espèrent prendre sa place le 7 octobre. Qui sont vraiment Joshua Osih, Maurice Kamto et Akéré Muna, ses trois principaux challengers ? Portraits décalés en trois chapitres.

Il aime apparaître en costume sombre. Ça l’amincit. Quand ses vêtements sont plus colorés, il les aime suffisamment ajustés pour laisser apprécier des biceps qui ont soulevé de la fonte. À moins que ses bras n’aient été raffermis à force de soulever la lourde argenterie de sa table, dont les douceurs sont connues du tout-Douala.

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En tournée dans le Cameroun profond, où l’on sait apprécier l’embonpoint, le candidat de 49 ans a la densité corporelle pour en imposer. Les délégués de la primaire du SDF auraient-ils choisi un freluquet pour les représenter à la présidentielle du 7 octobre prochain ? Rien n’est moins sûr.

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Socialiste et fortuné

Joshua Osih est socialiste par conviction, quoiqu’il préfère se dire « progressiste », parce que, avoue-t-il, c’est moins clivant. C’est cette fibre socialiste qui l’avait fait adhérer au SDF, fin mars 1991. Mais le jeune militant a attendu 1996 pour pouvoir tenir sa première discussion avec le « Chairman » John Fru Ndi, le fondateur du parti qui deviendra par la suite son mentor.

Il écoute beaucoup le démocrate américain Bernie Sanders, une connaissance avec laquelle le jeune leader discute régulièrement dans le cadre des réunions de l’Alliance progressiste, un réseau mondial de partis progressistes, sociaux-démocrates et socialistes proche de l’Internationale socialiste.

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Socialiste, certes, mais riche, aussi. Il ne publiera pas de déclaration de patrimoine mais Osih est un homme fortuné. Un indice parmi d’autres : il habite le quartier huppé des Hydrocarbures, à Bonapriso, où le foncier est le plus cher de la ville – et du Cameroun.

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Anglophone par son père et suisse par sa mère, éduqué au Cameroon Protestant Collège Bali, moule d’une grande partie de l’élite anglophone, il a pourtant un rapport décomplexé à l’argent. On le surprend certains soirs à en distribuer aux enfants de la rue.

Traumatismes

On le voit faire campagne sans « Première Dame » à ses côtés. Son public s’interroge sur sa situation matrimoniale. Existe-t-il une Madame Osih ? Oui, marmonne-t-il, non sans ajouter que l’élue de son cœur « vit à l’étranger « . Il ne veut pas en dire plus, se refermant comme une huître à l’évocation de sa famille.

Selon ses proches, il ne veut pas en parler pour ne pas réveiller des traumatismes. Osih a, en effet, payé son tribut à la politique. Les faits sont terrifiants : par une nuit de 2005, des hommes armés ont fait irruption au domicile de celui qui était déjà l’étoile montante du SDF. Ils ont mis une arme dans la bouche de son fils alors âgé de 4 ans avant d’enlever brièvement son épouse.

Les enquêtes n’ont jamais pu identifier les auteurs du forfait. L’infortunée Madame Osih ne s’en est jamais complètement remis, d’où son établissement à l’étranger. S’il est élu le 7 octobre, parions que les dossiers sécuritaires seront les premiers dans l’ordre des priorités.

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