Le capital-investissement défend sa contribution positive en Afrique

Les acteurs du capital-investissement africain, réunis à l’occasion d’une conférence à Paris le 2 octobre, ont rappelé l’importance de leur rôle dans le financement des économies du continent, dans un contexte où les sommes mobilisées sont en recul de presque 60 % depuis 2015.

Lionel Zinsou ancien Premier Ministre du Bénin, à Paris le 12 septembre 2016 © Vincent Fournier/JA

Lionel Zinsou ancien Premier Ministre du Bénin, à Paris le 12 septembre 2016 © Vincent Fournier/JA

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Publié le 3 octobre 2018 Lecture : 3 minutes.

« Les controverses actuelles sur le surendettement de l’Afrique sont un discours de lobotomie complète. Oui, certains États sont en train de se surendetter, mais les économies africaines dans leur ensemble ne sont pas financées du tout. »

C’est une position forte et à rebours du discours habituel qu’a adoptée le financier Lionel Zinsou, ancien Premier ministre du Bénin et coprésident de la société de conseil SouthBridge, dans son discours d’ouverture de la nouvelle conférence « Opportunités du capital-investissement en Afrique », organisée le 2 octobre au siège du cabinet Deloitte, à la Défense, dans l’ouest de Paris.

5 % des entreprises africaines obtiennent les financements souhaités

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Devant une trentaine de participants, dont plusieurs poids lourds du métier en Afrique dont Marc Rennard, PDG d’Orange Digital Ventures, Stéphane Bacquaert, directeur de Wendel Africa, Aziz Mebarek et Ziad Oueslati, cofondateurs d’AfricInvest, Laurent Demey, cogérant de Amethis et vice-président du Club Afrique de l’association professionnelle France Invest, et Johnny El Hachem, directeur général de Edmond de Rothschild Private Equity -, le dirigeant franco-béninois a rappelé qu’à peine « 5 % des entreprises africaines obtiennent les financements souhaités pour leurs investissements et leurs besoins en fonds de roulement. »

Face à ces lacunes, a insisté Lionel Zinsou, le capital-investissement apporte une contribution positive (« une utilité marginale supérieure ») au financement de l’économie réelle en Afrique. Selon le vétéran du métier, longtemps président du fonds d’investissement français PAI Partners, le private equity « finance la croissance du continent et la création d’emploi, participe à l’amélioration de la gouvernance et constitue une des solutions au problème essentiel de l’expansion de l’Afrique. »

Plus de 150 sociétés de capital-investissement, dont 62 % basées en Afrique

Le secteur compte désormais plus 150 entreprises, dont 62 % comptent leur siège sur le continent, a rappelé Simon Ponroy, économiste à France Invest. Une demi-douzaine de ces sociétés, dont le panafricain Emerging Capital Partners, les britanniques Helios Investment Partners et Development Partners International comptent plus de 1 milliard de dollars d’actifs.

Ces performances sont très dépendantes de ‘méga-levées’

Le plaidoyer pro domo du private equity africain intervient dans un contexte délicat, marqué par la mise en liquidation du colosse dubaïote Abraaj (1,1 milliard de dollars d’actifs en Afrique), l’échec de l’aventure africaine du géant américain KKR, qui n’a réalisé qu’une seule transaction en trois ans, et les atermoiements du titan new-yorkais Carlyle, qui se plaint du montant de ses frais généraux sur le continent. De plus les sommes mobilisées ont baissé à 1,94 milliard de dollars en 2017, loin des 4,8 milliards de dollars obtenus en 2015. « Ces performances sont très dépendantes de ‘méga-levées’, parfois supérieures à un milliard de dollars, bouclées par quelques leaders du métier », a rappelé Simon Ponroy.

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« L’écosystème se développe en Afrique, avec l’émergence de plus de fonds spécialisés, une meilleure qualité des équipes de gestion », a insisté Stéphane Bacquaert. Autre preuve du dynamisme du secteur, selon ses promoteurs, de plus en plus de gestionnaires d’épargne africains se laissent séduire par leurs offres.

C’est le cas notamment de la Caisse nationale de prévoyance sociale de la Côte d’Ivoire (CNPS), représentée à la conférence par son directeur général Denis Charles Kouassi, qui a confié près de 27 milliards de F CFA (41 millions d’euros) à des véhicules d’investissements dont ceux d’Amethis, de Yelen et d’AfricInvest. « Nous allons accroître les ressources dédiées à ce secteur. Et il n’est pas exclu, à moyen terme, que nous mettions en place une structure spécifique dédiée à ce type d’investissement », a dévoilé le dirigeant ivoirien.

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