Un petit coin de paradis

Un chef provençal exilé un temps à Paris revient exercer son art à Gordes, dans le Luberon.

Publié le 29 avril 2003 Lecture : 2 minutes.

La beauté de certains lieux est telle
qu’au fil des siècles l’il et l’attention
des esthètes ne peuvent s’en détourner. C’est le cas de Gordes, village perché dont les vieilles pierres sèches semblent défier le vent et les orages qui animent les collines à perte de vue. Oliviers et lauriers,garrigues et jardins, cyprès et pins parasols, oiseaux et cigales, nuages blancs
moutonnant sur fond azur : le paysage est typiquement provençal, et encore miraculeusement sauvage, même si l’endroit se visite par autocars entiers. Mieux encore, une fois entré dans la Bastide, les touristes disparaissent, et avec eux les « souvenirs de Provence » omniprésents. Là officie Michel del Burgo. Il appartient à cette famille de cuisiniers dont la personnalité et le talent requièrent un lieu où ils se sentent à l’aise, où leur travail est mis en valeur, sublimé même. Michel del Burgo, qui a fait ses
classes chez les plus grands Michel Guérard et Alain Ducasse entre autres , a atteint la notoriété au restaurant La Barbacane, sur les remparts de Carcassonne. Dans cette
maison hors du commun, il avait commencé à gravir les deux premières marches du parcours étoilé. Attiré par les lumières de la capitale, il est devenu célèbre au Bristol puis au Taillevent, dont il a porté très haut les
trois étoiles, apparemment inamovibles.
Mais l’hiver dernier, le chef sudiste est venu reprendre les fourneaux de cette superbe bastide, remise à neuf avec un goût certain et une discrétion louable, permettant aux visiteurs de profiter au mieux des beautés de la nature environnante. Ouverte le14 février, à l’occasion de la Saint-Valentin, la maison attend encore quelques agrandissements pour s’enrichir de huit chambres (elle en compte déjà 36) et d’un bistro. Au restaurant gastronomique, pas grand-chose
à changer, si ce n’est pour accompagner les saisons. Le bonheur est d’ores et déjà au rendez-vous, grâce à un chef qui a retrouvé
ses couleurs et sa liberté d’esprit. La générosité, la justesse des cuissons et l’équilibre des mariages se retrouvent aussi bien dans la toute simple crème de petits pois que dans l’admirable risotto d’épeautre aux morilles
délicatement relevé de jus de veau, dans le superbe dos de loup aux palourdes et aux poivrades, iodé et bien équilibré, ou encore dans l’exquise déclinaison de lapin du Luberon,
un petit bijou de saveurs, subtiles et
puissantes à la fois. Ces petits plats se dissèquent à l’envi, mais mieux vaut les goûter. Ils sont la preuve que la gourmandise, même de très haut niveau, reste un jeu vivant, émouvant… un péché qui nous entraîne au paradis ! D’autant que, pour un tel niveau, les prix sont encore sages : menu du marché à 49 euros au déjeuner en semaine, menu à 85 euros, menu dégustation avec sept services à 115 euros, carte entre 110 et 120 euros.

Michel del Burgo, La Bastide de Gordes,
84220 Gordes, tél. : 00 33 (0)4 90 72 18 98

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