Angola : qui sont les principales personnalités visées par la justice angolaise ?

En moins de quinze jours, quatre figures proches de l’ancien président José Eduardo dos Santos ont été placées en détention provisoire pour différentes enquêtes. De quoi rallonger la liste des personnalités déjà visées par la justice angolaise. Tour d’horizon.

ProfilAuteur_MichaelPauron

Publié le 4 octobre 2018 Lecture : 4 minutes.

João Lourenço n’en finit pas de surprendre son entourage. « Jusqu’où ira-t-il ? Laissera-t-il la justice faire son travail jusqu’au bout ? », s’interrogeait un général à la retraite devenu un observateur de la politique angolaise. Ces derniers jours ont semble-t-il donné des réponses : en moins de quinze jours, quatre personnalités proches de l’ancien président José Eduardo dos Santos ont été placées en détention provisoire, toutes pour des faits de corruption et de détournement. En un an, le président angolais s’est attaché à écarter la plupart des caciques de l’ancien régime.

Son élection à la tête du parti-État, le Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA), le 8 septembre, n’a fait que renforcer sa marge de manœuvre : en renouvelant totalement le bureau politique, en pointant du doigt le « népotisme » et la « corruption » au sein du parti lors de son investiture, il n’aura désormais de limites que celles qu’il voudra bien se fixer.

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Inquiétudes

Mais déjà l’inquiétude guette. D’aucuns craignent une rebuffade de la part des puissants généraux mis à la retraite sans ménagement, soutenus par une jeune garde qui, jusqu’à la désignation de Lourenço comme successeur de Dos Santos, croyaient arrivée leur heure. Si, actuellement, les Leopoldino Fragoso do Nascimento (« Dino »), et autres Manuel Hélder Vieira Dias Jr (« Kopelipa »), parmi les plus puissants généraux écartés, n’ont pas été inquiétés, les récents développements judiciaires pourraient les rendre nerveux.

Les regards se tournent également vers José Eduardo dos Santos et son ancien vice-président, Manuel Vicente. Le premier, président de 1979 à 2017, a pris le soin, avant de quitter le pouvoir, de faire voter le 28 juin 2017 une loi qui stipule que les ex-présidents ne peuvent être poursuivis que pour des actes étrangers à l’exercice de leurs fonctions. Le second, ancien patron de la Sonangol et considéré comme l’une des personnalités les plus riches du pays, semble jouer un rôle important auprès du nouveau président et jusque-là protégé. Mais jusqu’à quand ?

  • Isabel dos Santos, femme d’affaires

Isabel dos Santos, à Londres en octobre 2017. © REUTERS/Toby Melville/File Photo

Isabel dos Santos, à Londres en octobre 2017. © REUTERS/Toby Melville/File Photo

La « princesse », comme la surnomment les Angolais, a plusieurs fois été convoquée par la justice – ce qu’elle dément – mais ne s’est jamais présentée. Libre de ses mouvements, la fille de l’ancien président José Eduardo dos Santos n’en demeure pas moins visée par plusieurs enquêtes, dont une concernant un virement suspect de 38 millions de dollars vers une société basée à Dubaï, alors qu’elle était à la tête de la compagnie pétrolière nationale Sonangol (2016-2017).

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  • José Filomeno dos Santos, ancien gestionnaire du fonds souverain (FSDEA)

José Filomeno de Sousa dos Santos, en 2015. © Capture vidéo Youtube

José Filomeno de Sousa dos Santos, en 2015. © Capture vidéo Youtube

Après avoir été placé sous contrôle judiciaire (il devait se présenter à la justice tous les 15 jours), le frère d’Isabel a été arrêté le 24 septembre et placé en détention provisoire à la prison de Viana, à Luanda. Accusé de « fraude, détournement de fonds, trafic d’influence, blanchiment d’argent et association criminelle », l’ancien patron du fonds souverain angolais (doté de 5 milliards de dollars) est soupçonné d’avoir élaboré un vaste plan visant à détourner 1,5 milliard de dollars. Un premier transfert douteux de 500 millions de dollars de la Banque centrale vers un compte à Londres a été découvert.

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  • Jean-Claude Bastos de Morais, président de Quantum Global

Jean-Claude Bastos de Morais. © Wikimedia / Creative Commons / Mdpc

Jean-Claude Bastos de Morais. © Wikimedia / Creative Commons / Mdpc

Homme d’affaires fringant de 50 ans, sous contrôle judiciaire depuis plusieurs mois, ce Suisso-Angolais a été arrêté le même jour que José Filomeno dos Santos et pour les mêmes motifs. Il est détenu dans la même prison de Viana, à Luanda. Sa société gérait quelque 3 milliards de dollars du fonds souverain angolais.

  • Ismael Diogo da Silva, président de la Fondation Eduardo dos Santos (Fesa)

Ismael Diogo da Silva. © Capture écran YouTube/Fesa

Ismael Diogo da Silva. © Capture écran YouTube/Fesa

Cet homme de confiance de l’ancien président a été arrêté le 28 septembre et placé en détention provisoire, toujours à la prison de Viana de Luanda. Il est cité dans l’affaire d’un détournement de 20 millions de dollars des caisses du Conseil national des chargeurs (CNC). Plus globalement, la provenance des fonds de la Fondation dos Santos a toujours posé question.

  • Augusto Tomás, ancien ministre des Transports

Augusto Tomás. © Capture écran YouTube/AngolaPress

Augusto Tomás. © Capture écran YouTube/AngolaPress

Limogé de son poste en juin, il a été placé en détention provisoire le 21 septembre. Il apparaît dans le même dossier qu’Ismael Diogo da Silva, à savoir un possible détournement de 20 millions de dollars et des faits de corruption dans la gestion du CNC.

  • Ernesto Manuel Norberto Garcia, ancien porte-parole du MPLA

Ernesto Manuel Norberto Garcia. © Capture écran YouTube/ClubkClubk

Ernesto Manuel Norberto Garcia. © Capture écran YouTube/ClubkClubk

Assigné à résidence depuis le 19 septembre, ce jeune loup du MPLA, proche des enfants Dos Santos, avait soutenu un nouveau mandat du président sortant. Il est soupçonné d’être impliqué dans une vaste fraude chiffrée à 50 millions de dollars. Le même jour et dans la même affaire, le général Geraldo Sachipengo Nunda, ancien chef d’état-major des armées, a été blanchi faute de preuves.

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