Burkina Faso : au moins sept morts dans deux attaques au nord et à l’est

Deux attaques ont eu lieu dans la soirée du 3 octobre et dans la matinée du 4 octobre au Burkina Faso, tuant respectivement un gendarme dans le nord et six militaires à l’est. L’existence de deux fronts se confirme.

Une unité de l’armée burkinabè lors de l’attaque de l’état-major, à Ouagadougou, le 2 mars 2018. (Photo d’illustration) © Ludivine Laniepce/AP/SIPA.

Publié le 4 octobre 2018 Lecture : 3 minutes.

Le jeudi 4 octobre en fin de matinée, un convoi militaire en partance vers la mine de Foutouri a sauté sur une mine artisanale, près de Gayéri (région de l’Est). Six soldats ont péri dans l’explosion de leur véhicule, selon des sources sécuritaires.

Joint par Jeune Afrique, le ministre de la Défense Jean-Claude Bouda a confirmé l’information. « Effectivement, il y a eu six morts et un blessé grave », a-t-il brièvement expliqué.

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« Une mission venue de Fada N’Gourma pour renforcer Foutouri est tombée sur une mine, à quelques kilomètres de Gayéri. Le bilan fait état de six soldats tués. Il y a aussi eu des blessés », a déclaré un interlocuteur au sein de l’armée, sous couvert d’anonymat.

Un gendarme tué à Inata

La veille au soir, c’est la gendarmerie d’Inata, dans le nord, qui avait été prise d’assaut par des hommes armés non identifiés, causant la mort d’un agent des forces de l’ordre.

« Le poste de gendarmerie d’Inata a été attaqué à 20 h 50 dans la nuit du 3 au 4 octobre, par des hommes armés venus à bord de véhicules et de nombreux engins à deux roues. Le bilan définitif fait état d’un mort et de dégâts matériels importants. (…) Selon nos informations, le nombre d’assaillants a atteint la quarantaine », avait indiqué une source sécuritaire, ajoutant qu’un renfort de combattants terroristes avait auparavant été identifié, quittant Kourfadji pour Inata.

« Je confirme l’attaque. Le bilan provisoire fait état d’un mort et un blessé de notre côté. Côté ennemi, le bilan est en cours d’élaboration », avait déclaré, également sous couvert d’anonymat, un gradé de la gendarmerie contacté par Jeune Afrique le jeudi 4 octobre, au lendemain de l’attaque. Selon l’officier, celle-ci était terminée et un ratissage de la zone était toujours en cours.

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Le nord touché par des enlèvements à répétition

Située dans les environs, la mine d’or d’Inata, qui a produit près de 75 000 onces d’or en 2016, a été reprise en février 2018 par Balaji Group. Basée au Ghana et dirigée par l’influent homme d’affaires indien Akoliya Patelb, l’entreprise détient également la mine d’or de Kalsaka, dans le nord du Burkina.

Le 23 septembre dernier, trois employés du site ont été enlevés par des ravisseurs soupçonnés par les autorités d’appartenir aux groupes jihadistes actifs dans la zone, en l’occurrence l’organisation l’État islamique dans le Grand Sahara (EIGS) et le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM). Deux jours plus tard, huit soldats des Forces antiterroristes burkinabè ont par ailleurs péri dans l’explosion d’un engin artisanal près de Baraboulé, dans la province du Soum (également frontalière avec le Mali).

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>>> À LIRE – Burkina : trois employés de la mine d’or d’Inata enlevés dans le nord du pays

C’est le troisième cas d’enlèvement d’expatriés au Burkina Faso. En avril 2015, un Roumain du nom de Iulian Gherghut, qui officiait comme responsable de sécurité pour le compte de Pan African Minerals – propriété du milliardaire australo-roumain Frank Timis, alors détenteur du permis d’exploitation du gisement de manganèse de Tambao (nord) – avait également été enlevé par des jihadistes du groupe Al-Mourabitoune, lié à Al-Qaïda. Trois ans et demi plus tard, il est toujours en captivité.

En janvier 2016, un couple australien, le Dr Kenneth Elliott et son épouse Jocelyn, établis depuis plus de quatre décennies dans la région où ils possédaient une clinique, a été enlevé à Djibo. Jocelyn Elliott avait été libérée après quelques semaines de détention, mais son époux demeure entre les mains du groupe jihadiste Ansar Eddine, dirigé par l’ex-chef rebelle touareg malien Iyad Ag Ghaly, qui a revendiqué l’enlèvement.

Un deuxième front à l’Est

La région du Nord, frontalière avec le Mali et le Niger, est le théâtre d’attaques jihadistes régulières depuis le premier trimestre 2015. Mais depuis plusieurs mois, l’Est est également en proie à des attaques récurrentes. Lundi 17 septembre, des hommes armés ont enlevé un missionnaire italien, Pier Luigi Maccalli, dans le sud-ouest du Niger, avant de prendre la fuite vers le Burkina.

>>> À LIRE – Burkina : un nouveau front à l’Est

Depuis février 2018, ce sont pas moins de 22 attaques qui ont frappé la région de l’Est. À chaque fois, le modus operandi est le même, et les cibles identiques : attaque contre des convois de l’armée au moyen d’engins explosifs improvisés, et destructions de symboles de l’État – gendarmerie, postes forestiers, commissariats.

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