Second rôle pour l’Afrique

Hormis trois longs-métrages, présentés qui plus est hors sélection officielle, le continent brillera à nouveau par son absence.

Publié le 28 avril 2003 Lecture : 3 minutes.

Pour la sixième année consécutive, on peut être certain, un mois avant l’annonce du palmarès de la 56e édition du festival de cinéma le plus prestigieux de la planète, qu’aucun film africain ne décrochera la célèbre Palme d’or. Aucun long-métrage du sud comme du nord du Sahara, en effet, ne figure dans la sélection officielle des films admis à participer à la compétition. Et, une fois de plus, l’Afrique aura le triste privilège d’être le seul continent dans cette situation lors de ce « concours », où, comme en sport, l’essentiel est de participer. Une confirmation, hélas ! de la santé très moyenne du cinéma africain, que l’on a pu déjà constater il y a deux mois lors du Fespaco, à Ouagadougou.
L’an dernier, cette absence était en grande partie compensée par la présentation sur la Croisette, dans toutes les autres grandes sélections (« Un certain regard », « la Quinzaine des réalisateurs », « la Semaine de la critique »), d’au moins un film africain. Il n’en sera pas de même cette année, même si trois longs-métrages représentant deux pays du continent seront projetés sur les écrans de Cannes. Didier Ouénangaré, né en République centrafricaine, mais portant, en compagnie de Bassek Ba Kobhio, les couleurs du Cameroun, présentera à « la Quinzaine des réalisateurs » Le Silence de la forêt, l’histoire d’un jeune inspecteur de l’enseignement qui décide de vivre au coeur de la forêt équatoriale pour aider un groupe de pygmées à s’émanciper face au racisme des « hommes grands ». L’Afrique du Nord sera, pour sa part, à l’affiche, une fois n’est pas coutume, avec deux premiers films marocains.
À « Un certain regard », considéré comme l’antichambre de la compétition officielle, Faouzi Bensaïdi, remarqué notamment grâce à sa collaboration avec André Téchiné dans Loin, il y a deux ans, tentera, avec Mille Mois, de faire aussi bien que le Mauritanien Abderrahmane Sissako, qui a triomphé l’an dernier dans cette même « section » avec son superbe Heremakono (prix de la critique internationale).
À « la Quinzaine des réalisateurs », Narjiss Nejjar, considérée comme un grand espoir du cinéma chérifien, montrera Les Yeux secs, qui évoque le retour d’une femme dans son village natal après vingt-cinq ans de prison. Cette double présence marocaine à Cannes – une première ! – vient récompenser les efforts consentis par les autorités de Rabat, depuis plusieurs années, pour soutenir l’industrie cinématographique et relancer la production.
2003 sera-t-il un grand cru sur la Croisette ? Difficile de répondre au seul vu des sélections. Parmi les candidats à la Palme d’or, et malgré l’absence de nombreux ténors qui étaient annoncés, mais qui n’ont pas terminé leur film à temps (Quentin Tarentino, Wong Kar-wai, les frères Coen, etc.), il y a certes du beau monde et en particulier des grands réalisateurs déjà consacrés : le Danois Lars Von Trier, l’Américain Clint Eastwood, le Brésilien Hector Babenco, l’Anglais Peter Greenaway, les Français Bertrand Blier et André Téchiné… Et quelques très jeunes auteurs, comme l’Iranienne Samira Makhmalbaf (avec un film tourné dans le Kaboul de l’après-guerre), ou quelques réalisateurs incisifs, comme les Américains Gus Van Sant et Vincent Gallo, ou le Japonais Kiyoshi Kurosawa, s’apprêtent peut-être à nous surprendre. Mais, et c’est tout l’intérêt du Festival, les oeuvres qui font l’événement ne viennent pas toujours de là où on les attend. On notera pourtant, sans exclure d’être démenti par des films inattendus, que, paradoxalement, vu l’actualité récente, le Festival 2003 s’annonce a priori beaucoup moins « politique » que celui de l’année précédente, marquée par les chocs qu’ont représenté les projections de films comme ceux de Michael Moore et de plusieurs réalisateurs palestiniens.

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