Savoir-vivre africain

Publié le 25 avril 2003 Lecture : 2 minutes.

Malgré un démarrage tardif, la croissance de la téléphonie mobile est aujourd’hui plus forte en Afrique que dans le reste du monde. Mais sur ce continent comme ailleurs, la multiplication incontrôlée des antennes relais pose des problèmes de santé publique. La Commission internationale de protection contre les rayonnements non ionisants (ICNIRP), organisme indépendant qui regroupe des experts scientifiques, a établi des normes d’exposition pour le public et pour les professionnels. Celles-ci ont été reprises en 1999 par l’Union européenne puis par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Un des rares pays africains à avoir légiféré sur ce sujet, l’Afrique du Sud, a d’ailleurs repris ces mêmes normes.

Pourtant, le débat est loin d’être clos. Les normes d’émission d’ondes électromagnétiques ne sont pas simples à définir. L’ICNIRP s’inquiète essentiellement de l’échauffement des parties du corps humain exposées aux ondes émises. En revanche, les autres effets, comme les fatigues, les maux de tête, ou les éventuelles conséquences à plus long terme, comme la génération de tumeurs, n’ont pas été pris en compte dans leurs études. Les preuves scientifiques manquent pour établir les vrais dangers des antennes relais. Par principe, les effets de faibles doses cumulées sur le long terme sont délicats à mettre en évidence et difficiles à séparer des autres sources de pollution. L’OMS elle-même reconnaît que plusieurs années de recherche sont encore nécessaires pour évaluer correctement les risques réels. Toutefois, certains gouvernements ont déjà fait le choix de la prudence, et appliquent le principe de précaution. L’Italie et la Suisse, à titre d’exemple, ont édicté des normes dix fois plus contraignantes que celles proposées par l’ICNIRP. Dans tous les cas, certaines règles de prudence semblent indispensables.

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La mise en place d’un nouveau réseau GSM implique l’installation de plusieurs centaines, voire de plusieurs milliers d’antennes relais. Cela ne peut se faire sans tenir compte de l’environnement naturel et culturel. Intégration dans le paysage, accord du voisinage… la prise en considération de l’impact des antennes relais sur l’environnement va bien au-delà des simples risques d’exposition aux rayonnements. Mamadou Kolade, responsable de la communication de l’opérateur MSI en Afrique, explique « qu’il est impensable d’installer une antenne relais, surtout en zone rurale, sans tenir compte des habitudes culturelles. Une antenne peut être installée sur une terre ancestrale, mais il faut absolument obtenir l’accord de la communauté et procéder aux rites nécessaires, qui peuvent prendre la forme d’un sacrifice de poulet. » Dans cet esprit, certains opérateurs ont défini leur propre charte sociale et environnementale, qui régit la construction de nouvelles antennes relais et leur fonctionnement. De multiples critères sont ainsi retenus, comme le rejet des huiles, le traitement des eaux, l’utilisation d’énergies non fossiles, ou le respect des zones naturelles protégées ou d’importance culturelle.
L’exemple est à méditer. Certains opérateurs GSM européens expliquent que les troubles observés chez les voisins immédiats des antennes sont de nature psychologique – c’est-à-dire qu’ils sont liés à une peur – plutôt que physiologique. Ils ont peut-être raison. Mais, à défaut d’appliquer le principe de précaution, le savoir-vivre africain devrait être pris en exemple. Faire accepter une antenne relais par les voisins est une nécessité. Et l’imposer par la force ou par la loi doit être le dernier recours.

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