Purge dans la magistrature

Des magistrats réputés pour leur intégrité ont fait l’objet de « promotions-sanctions ». Au point que certains parlent de verrouillage du système judiciaire.

Publié le 28 avril 2003 Lecture : 2 minutes.

«Le Sénégal est l’un des pays les plus transparents au monde. » Le président Abdoulaye Wade, à l’ouverture de la réunion de l’OCDE, le 23 avril à Dakar, a voulu donner des garanties aux investisseurs quant à la sécurité juridique des affaires, la transparence se mesurant à l’aune de l’indépendance de la magistrature. Pourtant, quelques jours auparavant, le 17 avril, les mesures prises par le gouvernement dans le cadre d’un vaste mouvement au sein de la magistrature en ont surpris plus d’un. Des magistrats réputés pour leur rigueur et leur intégrité ont fait l’objet de « promotions-sanctions », à travers lesquelles d’aucuns voient la volonté du pouvoir de brider la justice à son avantage.
Les couloirs du palais de justice de Dakar résonnent encore des exclamations des praticiens du droit à propos de certaines affectations. Ainsi du juge Mamadou Baal, doyen des juges d’instruction de Dakar, qui vient d’être nommé… président du tribunal départemental de Dakar. C’est lui qui avait mis sous mandat de dépôt les responsables de la CNTS-FC, un syndicat proche du pouvoir.
Le patron de ce syndicat et certains de ses militants sont soupçonnés d’avoir incendié le siège de la Confédération nationale des travailleurs, proche de l’ancien pouvoir socialiste. Bilan : trois personnes brûlées, dont l’une est décédée, plusieurs blessés et des dégâts matériels importants. Après les condamnations de principe, la détention se prolongeant, le pouvoir a donné des signes d’agacement. On a même entendu le président de la République s’émouvoir publiquement de la durée des détentions provisoires en général.
Plus récemment, le juge Baal a fait preuve de la même inflexibilité dans l’affaire des gardes pénitentiaires accusés d’actes de torture sur un détenu dont les deux mains ont été amputées : il a maintenu les matons en prison, contre l’avis du pouvoir.
Parmi les promus, beaucoup sont originaires de la région de Thiès, ville natale du Premier ministre Idrissa Seck, qui en est aussi le maire : le procureur de la République et un substitut à Dakar, le directeur du Centre de formation judiciaire et, surtout, le président du tribunal régional hors classe de Dakar. Ce dernier, l’ancien doyen des juges Demba Kandji, est précisément de Thiénaba, ville natale du ministre de la Justice Serigne Diop. Hasard ?

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