Guerre totale

Publié le 25 avril 2003 Lecture : 2 minutes.

L’existence de la superpuissance soviétique a obligé l’Amérique à limiter ses deux grandes guerres d’« endiguement », le Vietnam et la Corée. Les communistes vietnamiens ont eux aussi réussi à contenir la puissance des États-Unis en évitant de les provoquer comme l’avait fait Hitler en attaquant la Pologne. En outre, Hanoi a eu la chance de tomber sur un adversaire comme Lyndon Baines Johnson, le président de guerre le moins déterminé de l’histoire des États-Unis.
Les islamistes radicaux ont été moins astucieux et moins chanceux. En tuant plus d’Américains – presque tous des civils – qu’il n’y a eu de morts à Pearl Harbor, ils ont une nouvelle fois déclenché une guerre totale américaine. Il est difficile d’imaginer une provocation plus réussie que les attentats du 11 septembre 2001, pour aboutir à l’inverse exact de l’objectif que s’étaient fixé les auteurs, à savoir un djihad universel visant à étendre la domination de l’islamisme à toute la planète.
Le cinéma vérité sous licence américaine grâce à la télévision par satellite, les hésitations « légalistes » des alliés et anciens alliés, ainsi qu’une retenue « humanitaire » ont jusqu’ici limité l’utilisation des moyens militaires américains. Mais c’est la menace à laquelle feront face les États-Unis qui finalement déterminera les buts de guerre américains. Après l’expérience du 11 septembre, la globalisation des armes de destruction massive fait apparaître l’arsenal thermonucléaire qui était entre les mains de Staline ou de ses flegmatiques successeurs comme un danger très relatif.
De plus, les États-Unis possèdent une gamme beaucoup plus large de moyens militaires que durant la guerre froide. Les divisions blindées soviétiques n’arrivent pas à la cheville de la puissance terrestre et maritime américaine en Europe du Nord-Ouest. Et le relatif déclin économique américain prédit avec délectation par les experts européens et japonais dans les années quatre-vingt ne s’est pas produit.
Bien au contraire, les Européens et les Japonais n’ont pas eu l’imagination nécessaire pour faire la course en tête dans l’innovation technologique et sont entrés dans une phase de déclin démographique absolu, alors que la population américaine n’a cessé de croître.
L’esprit d’innovation américaine a produit des systèmes militaires et un rayon d’action global bien supérieurs à ceux de n’importe quelle autre puissance ou coalition. Et malgré une maîtrise parfois assez sommaire de la grammaire anglaise, le président américain s’est montré remarquablement imperméable aux obstacles objectifs, à la sagesse conventionnelle et aux tabous diplomatiques. George W. Bush n’a pas reculé d’un pouce pour exiger la capitulation sans conditions des dictatures des talibans ou du parti Baas. Et il semble bien décidé à améliorer la bonne conduite internationale d’un certain nombre de régimes ou à en éliminer complètement d’autres.
Un autre attentat dévastateur contre les États-Unis, un échec dans l’entreprise apparemment donquichottesque d’installer la démocratie en Irak ou une lubie du nabot psychopathe de Pyongyang, doté, lui, d’armes nucléaires, pourraient interrompre la série de victoires de Bush. Mais pour le moment, le président et sa « guerre mondiale contre le terrorisme » bénéficient d’un soutien sans faille des Américains qui ne sont ni des intellectuels ni des stars de cinéma.

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