Algérie : le Premier ministre veut utiliser les députés pour démettre le président de l’Assemblée
Le Premier ministre algérien Ahmed Ouyahia a pris clairement position contre le président de l’Assemblée populaire nationale (APN), Saïd Bouhadja, dans le conflit qui l’oppose à la majorité parlementaire.
« J’appelle au bon sens de l’homme, même si, tel que je le connais, je sais qu’il ne s’aventurera pas à continuer à mettre l’institution dans une impasse », a déclaré Ahmed Ouyahia, samedi 6 octobre lors d’une conférence de presse improvisée, en marge d’une rencontre partisane.
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Le Premier ministre a confié avoir approuvé l’adhésion de cent députés, élus sous la bannière du Rassemblement national démocratique (RND) dont il est secrétaire général, à la pétition dans laquelle le départ du président de l’APN est exigé. Le texte aurait récolté, selon le chef du gouvernement, 361 signatures.
Légitimité du terrain et légitimité des lois
Que la démarche ne soit prévue dans aucun texte légal (Constitution, loi organique régissant les relations entre les deux chambres du Parlement et le gouvernement, ou encore règlement intérieur de l’APN) ne semble pas déranger outre-mesure le Premier ministre. Selon lui, entre « la légitimité du terrain et la légitimité des lois », le choix n’est guère cornélien.
Saïd Bouhadja a été élu par ses pairs. (…) Qu’il respecte la décision des 361 députés
« Saïd Bouhadja a été élu par ses pairs. Un contentieux les oppose. Je souhaite que la crise se termine en douceur. Que Bouhadja préserve l’image positive dont il prévaut, et respecte la décision des 361 députés », a-t-il affirmé sans sourciller. Le patron du RND ne semble pas non plus s’inquiéter du blocage des activités du Parlement, au cas où le président de la chambre basse reste déterminé à ne pas céder aux pressions et à ne pas démissionner.
« Il n’y aura pas de coup de fil de la présidence »
Le Premier ministre a attesté que la présidence de la République ne s’ingérera pas dans les affaires internes du Parlement. « Il n’y a pas eu de coup de fil de la présidence et il n’y en aura pas. Said Bouhadja n’a pas été nommé par décret, mais élu. Ce n’est pas le président de la République qui l’a désigné », a-t-il expliqué.
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« La crise à l’APN n’est pas une crise politique. La loi de finances 2019 n’est pas en danger, puisque le chef de l’État a la prérogative de la signer si elle n’est pas adoptée par le Parlement dans les délais (75 jours à partir de la date de son adoption en Conseil des ministres, ndlr) », a-t-il précisé, avant d’écarter totalement l’option de la dissolution de l’Assemblée nationale, telle que suggérée par certains observateurs politiques.
Le livre de Bajolet, « un torrent de haine »
Sur un tout autre registre, Ahmed Ouyahia a assuré que l’Algérie applique le principe de réciprocité pour toute décision prise par la France. Il a cité pour exemple la levée de la surveillance policière aux abords de la résidence de l’ambassade d’Algérie à Paris, et le durcissement des conditions d’octroi des visas aux algériens.
Bajolet fait partie de ceux qui veulent envenimer les relations bilatérales
Commentant les déclarations de l’ancien ambassadeur de la France en Algérie, Bernard Bajolet, à propos de la santé du président Bouteflika et du régime algérien, il a indiqué que le diplomate a consacré, dans son livre « Le soleil ne se lève plus à l’est », « 30 pages à l’Algérie pour exprimer un torrent de haine. Il fait partie de ceux qui veulent envenimer les relations bilatérales entre les deux pays », a-t-il taclé.
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