Djerba et Casablanca à l’unisson
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C’est à Toulouse que Jémil, le Djerbien, rencontre en 1979 la Casablancaise Souad, qui deviendra son épouse. À cette époque, les universités françaises n’ont pas leurs pareilles pour provoquer les coups de foudre et les mariages entre Nord-Afriqcains. Certes, la configuration a changé depuis quinze ans, et les unions mixtes voient désormais le jour à l’intérieur du Maghreb grâce aux flux d’étudiants entre Tunis et Alger, à la naissance de sociétés de service intermaghrébines, voire au tourisme. Mais tel n’était pas le cas pour la génération qui, en mai 68, battait le pavé parisien.
Jémil et Souad annoncent leur intention de se marier à leurs parents restés au pays. À Djerba, la nouvelle n’est pas vraiment réjouissante et les langues chuchotent qu’il « vaut mieux une diablesse dans la maison qu’une Marocaine dans les environs ».
L’attitude de la famille de Souad fut différente. Son alliance avec un Maghrébin est jugée de loin préférable à celle qu’elle aurait pu contracter avec un « Roumi ». Sa cousine venait en effet de provoquer le scandale en se mariant à un Allemand. Ainsi, lorsque Jémil lui passe la bague au doigt en 1982, ses parents poussent un ouf ! de soulagement. « Chez moi, on s’est dit : c’est un musulman, donc un moindre mal. Et Jémil a été bien accepté par rapport à d’autres beaux-frères si lointains ! »
Décision est prise de s’installer en Tunisie. Jémil défend son choix en avançant que sa famille est connue et qu’il n’aura pas « à supporter l’anonymat au Maroc ». Son métier d’avocat et celui de banquière de sa femme leur permettent de s’installer confortablement dans un faubourg résidentiel de Tunis. Souad se fait des amis, s’intègre dans son travail et, s’il lui est arrivé dans le passé d’être harcelée par un de ses patrons, « ce n’est pas par ostracisme, mais par misogynie », assure-t-elle. La nostalgie du pays natal la tenaille parfois, mais elle confie, la larme à l’oeil : « Ma vie est désormais là où est mon foyer. Mon époux, c’est toute ma famille. »
Ce sont surtout ses deux filles, aujourd’hui adolescentes, qui ancrent désormais son couple dans les réalités du pays d’accueil. Si elles n’ont pas la nationalité de leur mère, elles revendiquent les héritages respectifs de leurs parents, et le Casablanca maternel leur est aussi cher que l’île de Djerba. En les observant, on comprend que ces jeunes filles équilibrées poursuivent avec bonheur le parcours de leurs parents.
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