Dix ans, c’est trop

À 27 ans, le « petit roi » se cramponne au trône, auquel il a accédé en 1953. Mieux vaudrait pourtant qu’il abandonne le pouvoir.

Publié le 28 avril 2003 Lecture : 2 minutes.

On s’émerveille ici et là (en Occident de préférence) du courage du « petit roi de Jordanie » : on aime ceux qui résistent, et Hussein, depuis dix ans, fait face.
Chez cet homme, jeune et frêle, l’opiniâtreté aurait quelque chose de pathétique si elle n’était employée à se cramponner à un trône. Un trône inutile et qui est devenu une cible. Un trône menacé par qui ? Par la majorité du peuple jordanien. Protégé par qui ? Par les baïonnettes et les blindés de « la légion arabe » [forces armées jordaniennes] dont M. Jean Chauvel [1897-1979, ambassadeur de France à Londres de 1954 à 1962] nous confirme que ses membres sont parmi les mieux payés du monde(1) ; par le voisin israélien qui ne voudrait à ses frontières que faiblesse ; par la Grande-Bretagne, qui, au Moyen-Orient, vit encore son rêve de 1917.
La Jordanie n’aurait pas été un pays si, à la faveur de la guerre israélo-arabe, elle ne s’était pas annexé un lambeau de Palestine et quelques centaines de milliers de Palestiniens. Ces Palestiniens forment aujourd’hui les forces vives du pays. Ils veulent que Hussein s’en aille.
Le courage de Hussein ne nous émeut pas parce qu’il n’est au service d’aucune cause.
Pas celle du peuple jordanien, en tout cas, qui, dans sa grande majorité, veut aller, à ses risques et périls, vers un autre destin.
Le courage du roi Hussein ne nous émeut pas parce qu’il ne débouche sur aucune issue. À chaque assaut contre lui, des hommes tombent. Tôt ou tard, l’obstacle qu’il constitue sera levé. Alors, on verra plus clair.
Conclusion : Hussein doit disparaître. Le plus tôt sera le mieux. Des portes fermées devant les Jordaniens s’ouvriraient, qui sont celles d’un avenir qu’ils préfèrent, avec ses incertitudes, à leur présent. Un avenir qui est leur destin et sur lequel ils déboucheront tôt ou tard.
Il n’est pas utile que ce soit sur le cadavre d’Hussein. Pour que ce ne soit pas sur son cadavre, il est nécessaire qu’il parte à temps. s
B.B.Y.
1. Par la Grande-Bretagne,directement ou indirectement.

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