Afrique du Sud : visé par une enquête, le ministre des Finances poussé à la démission
Les appels à la démission du ministre sud-africain des Finances, Nhlanhla Nene, se sont multipliés depuis qu’il a reconnu s’être entretenu avec les sulfureux Gupta, hommes d’affaires proches de l’ex-président Jacob Zuma accusés d’avoir détourné des fonds publics. Il est également visé par une enquête.
Depuis plusieurs jours, les rumeurs vont bon train sur une éventuelle démission ou une éviction de Nhlanhla Nene. L’affaire a démarré mercredi 3 octobre, lorsque le ministre des Finances a raconté à une commission d’enquête qu’il avait été remercié par Jacob Zuma pour avoir refusé la signature d’un juteux contrat nucléaire favorable aux frères Gupta dont l’ancien chef de l’État est proche.
Jacob Zuma, qui a toujours rejeté les accusations de corruption, a été contraint à la démission en février, poussé vers la sortie par l’ANC, son parti, en raison de nombreux scandales dans lesquels il est mis en cause.
Titulaire du portefeuille des Finances depuis 2014, Nhlanhla Nene en a été écarté en décembre 2015. Il l’a retrouvé il y a huit mois, après avoir été nommé par le successeur de Jacob Zuma, Cyril Ramaphosa.
Mais depuis, celui qui avait été applaudi pour avoir tenu tête à Jacob Zuma se trouve au cœur d’une polémique. Lors de son témoignage, le ministre a en effet concédé avoir rencontré les Gupta à leur domicile. Mais il a catégoriquement nié les accusations d’un parti d’opposition, les Combattants pour la liberté économique (EFF, gauche radicale), qui l’accuse d’arrangements douteux avec les Gupta lorsqu’il était vice-ministre des Finances puis patron du fonds de pension des fonctionnaires (PIC).
La porte-parole de la médiatrice de la République Sud africaine, Oupa Segalwe, a confirmé mardi que son organisation allait « enquêter sur les allégations de conduite frauduleuse qui visent le ministre des Finances ».
Appels à la démission
Le lendemain de son audition face à la commission d’enquête, Nhlanhla Nene a publié une lettre pour s’excuser d’avoir rencontré les Gupta, concédant une « faute et une « erreur de jugement ». « Je vous dois, en tant que serviteur de l’État, une conduite irréprochable (…) Ces visites jettent un doute sur ma conduite. Je les regrette profondément et demande votre pardon », a-t-il écrit.
Loin de calmer les critiques, son courrier n’a fait que relancer les accusations et les appels au départ du ministre. Selon la presse locale, pendant le week-end, le ministre des Finances avait présenté sa démission à Cyril Ramaphosa, désormais pressé de toutes parts de trancher sur le sort du ministre. « Le président est conscient de l’urgence de la situation et il s’est engagé à la résoudre le plus vite possible, d’une façon ou d’une autre », a déclaré sa porte-parole, Khusela Diko, aux journalistes, « sa décision est imminente ».
Depuis son arrivée au pouvoir en février, Cyril Ramaphosa a promis d’éradiquer la corruption et de relancer l’économie du pays, en difficulté depuis la crise financière de 2008. « Le maintenir à son poste de ministre des Finances n’est pas dans l’intérêt de l’Afrique du Sud », a insisté le porte-parole des EFF, Mbuyiseni Ndlozi, « le Trésor ne peut pas être dirigé par une personne dépourvue d’intégrité ».
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