RDC : Trafigura lance un projet pilote destiné à formaliser l’exploitation artisanale de cobalt

Le PDG de la société de négoce Trafigura prône le pragmatisme : selon lui, les mineurs artisanaux sont indispensables pour assurer un approvisionnement suffisant en cobalt.

Extraction de cobalt. © Julien Harneis/Wikimédia Commons

Extraction de cobalt. © Julien Harneis/Wikimédia Commons

Publié le 10 octobre 2018 Lecture : 2 minutes.

« Les deux tiers des réserves mondiales de cobalt se trouvent en République démocratique du Congo. L’un des défis de ce pays a trait au rôle de l’exploitation minière artisanale à petite échelle […] » a expliqué le PDG de Trafigura, Jeremy Weir, le 8 octobre lors d’un événement organisé par la Bourse des métaux de Londres – un discours repris sur le site internet de la société.

« En collaboration avec une société minière locale de RDC et avec le soutien de l’ONG internationalement reconnue Pact, nous investissons dans un projet pilote sur la concession de Mutoshi afin d’améliorer radicalement les conditions dans lesquelles l’exploitation minière artisanale et à petite échelle se déroule » a annoncé le patron de la société de négoce spécialisée dans le pétrole et les produits miniers, basée à Genève.

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Le projet de Trafigura, qui sera expérimenté sur la mine de Mutoshi au Katanga, vise à former et à fournir des équipements de protection aux mineurs, et à les regrouper au sein de coopératives. Cette mine appartient à Chemaf, la filiale congolaise de Shalina Resources, basée à Dubaï. En avril 2018, Trafigura a signé un accord pour s’approvisionner en cobalt auprès de cette entreprise.

Intégrer les mineurs artisanaux à la chaîne logistique

« Chez Trafigura, nous pensons que la solution n’est pas de rejeter l’exploitation minière artisanale ou de l’exclure de la chaîne logistique. Nous voulons trouver une meilleure façon et nous approvisionner de façon responsable » a-t-il poursuivi.

« Il serait évidemment préférable que nous puissions assurer tous les approvisionnements nécessaires par le biais d’opérations industrielles. Mais le fait est que nous ne sommes pas dans cette situation enviable ! » s’est-il exclamé. « La réalité est qu’il y a des centaines de milliers de personnes en RDC qui gagnent leur vie en travaillant dans le secteur minier artisanal. C’est illégal dans bien des cas ; c’est non réglementé et peut être très dangereux. Mais on ne peut pas s’en passer. »

Encadrer l’exploitation artisanale

« Les mineurs sont tenus de se soumettre à des contrôles d’identité ainsi qu’à des tests de dépistage de drogues et d’alcool avant d’entrer sur le site. Ils ne sont autorisés à creuser que sous étroite surveillance et dans des micro-fosses agréées. Il existe des processus formalisés pour laver et peser le minerai extrait et pour s’assurer que les mineurs sont payés correctement pour leur production. L’ensemble de l’exercice est régulièrement évalué par un cabinet de conseil spécialisé », a-t-il précisé.

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Indispensable pour fabriquer les batteries électriques (de smartphones, de tablettes, de voitures électriques, etc.), le cobalt a vu ses cours presque quadrupler en deux ans à la Bourse des métaux de Londres : de 25 000 dollars en moyenne en 2016, la tonne est passée à 61 200 dollars en 2017 (soit un prix multiplié par 2,2), et, durant le premier semestre 2018, son cours a oscillé entre 80 000 et 95 000 dollars/t. La production congolaise de cobalt est passée de 66 000 t à 86 000 t en 2017 (20 % des recettes d’exportation) et devrait dépasser 105 000 t en 2018, selon le ministère des Mines.

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