Afrique du Sud : visé par une enquête pour corruption, le ministre des Finances démissionne
Le ministre sud-africain des Finances, Nhlanhla Nene, a démissionné mardi 9 octobre après sa mise en cause dans une enquête pour corruption. Son successeur a été nommé et investi dans la même journée.
Après plusieurs jours d’incertitudes et de fortes pressions politiques, Cyril Ramaphosa a annoncé avoir accepté de se séparer de Nhlanhla Nene, considéré comme un de ses proches. Il « m’a fait parvenir ce matin une lettre de démission dans laquelle il me demande de le relever de ses fonctions (…) j’ai décidé d’accepter cette démission », a-t-il déclaré devant la presse au siège du Parlement au Cap. L’ancien gouverneur de la Banque centrale, Tito Mboweni, a été aussitôt nommé et investi pour succéder au ministre des Finances.
President @CyrilRamaphosa looks on as new Minister of Finance Mr Tito Mboweni takes his oath of office. Mr Tito Mboweni takes over this role from Mr Nhlanhla Nene with immediate effect. pic.twitter.com/HAB0QmSnTe
— The Presidency 🇿🇦 (@PresidencyZA) October 9, 2018
Cette démission intervient juste après l’annonce de l’ouverture d’une enquête administrative sur le ministre des Finances qui avait reconnu la semaine dernière s’être entretenu avec les Gupta, de sulfureux hommes d’affaires proches de l’ex-président Jacob Zuma.
Ce témoignage « l’a détourné de son important devoir de servir le peuple d’Afrique du Sud au moment où nous travaillons précisément à rétablir la confiance du public envers son gouvernement », a justifié le chef de l’État.
Le ministre « n’a été directement impliqué dans aucun méfait » et a « toujours défendu la cause de la bonne gestion financière et de la gouvernance propre », a-t-il tenu à ajouter.
Revers politique
La démission du ministre des Finances constitue un revers politique pour le nouveau chef de l’État, qui s’est donné pour objectif depuis son arrivée au pouvoir en début de l’année d’éradiquer la corruption et de relancer l’économie du pays.
Une première fois titulaire du portefeuille des Finances en 2014, Nhlanhla Nene en a été écarté en décembre 2015 par Jacob Zuma. Il l’a retrouvé il y a huit mois, nommé par Cyril Ramaphosa.
Depuis plusieurs jours, les rumeurs allaient bon train sur le sort de Nhlanhla Nene, nourrissant l’inquiétude des investisseurs et des marchés financiers.
L’affaire a démarré mercredi dernier, lorsque le ministre a raconté à une commission d’enquête qu’il avait été remercié par Jacob Zuma pour avoir refusé la signature d’un juteux contrat nucléaire favorable aux frères Gupta.
Témoignage
L’ancien chef de l’État a été contraint à la démission en février, poussé vers la sortie par son parti en raison de nombreux scandales de corruption dans lesquels il est mis en cause. Il a toujours ces accusations.
Lors de son témoignage, le ministre a également reconnu avoir rencontré les Gupta à leur domicile.
Mais il a catégoriquement nié les accusations d’un parti d’opposition, les Combattants pour la liberté économique (EFF, gauche radicale), qui l’accuse d’arrangements douteux avec le trio d’hommes d’affaires lorsqu’il était vice-ministre des Finances puis patron du fonds de pension des fonctionnaires (PIC).
Le lendemain de son audition, Nhlanhla Nene a publié une lettre pour s’en excuser, concédant une « faute et une « erreur de jugement ».
« Je vous dois, en tant que serviteur de l’État, une conduite irréprochable (…) Ces visites jettent un doute sur ma conduite. Je les regrette profondément et demande votre pardon », a-t-il écrit.
Loin de calmer les critiques, son courrier n’a fait que relancer les accusations et les appels au départ du ministre.
Mardi à la mi-journée, le bureau de la médiatrice de la République, une institution administrative chargée de contrôler les pouvoirs publics en Afrique du Sud, avait annoncé s’être saisie de son cas, à la demande de l’opposition.
« La médiatrice va enquêter sur les allégations de conduite frauduleuse qui visent le ministre des Finances », a déclaré sa porte-parole, Oupa Segalwe.
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