Maroc : la nouvelle loi sur les travailleurs domestiques loin de faire l’unanimité
Après 15 ans de lutte, la loi relative aux travailleurs domestiques est entrée en vigueur le 2 octobre. S’il s’agit d’une avancée légale, le texte suscite la réticence des acteurs concernés, qui redoutent la lourdeur administrative et le manque à gagner pécuniaire.
Installées sur un petit banc devant le grand marché de Benjdia, au cœur de Casablanca, Fatima* et Nejma* attendent patiemment. Comme des dizaines de femmes, elles se postent ici chaque jour, espérant que des dames de maison viennent leur proposer du travail. Fatima, la soixantaine, attend depuis trois heures maintenant. « C’est vraiment la galère ces derniers temps. Cette semaine, je n’ai travaillé que deux demi-journées », lance-t-elle, amère, balayant la rue du regard pour ne pas rater un potentiel marché.
« On gagne un peu plus de 200 dirhams par demi-journée [environ 18 euros, ndlr]. Comment voulez-vous que l’on paie nos charges à la fin du mois ? Moi, je préfère avoir un salaire fixe, même s’il est peu élevé, plutôt que d’attendre des heures sur ce banc pour des miettes », affirme Nejma en pianotant sur son minuscule téléphone.
>>> À LIRE – Le Maroc pressé d’améliorer le sort de ses travailleurs domestiques
Pour les deux femmes, la nouvelle loi encadrant le travail des domestiques, entrée en vigueur mardi 2 octobre 2018, sonne comme une bonne nouvelle. Le texte exige effectivement un contrat de travail, ce qui ouvre l’accès à la protection sociale et garantit un revenu représentant 60 % du salaire minimum marocain, soit 1 540 dirhams mensuels. Les travailleurs domestiques ont également le droit, comme le prévoit le Code du travail, à un congé annuel payé à l’issue de six mois d’activité, ainsi qu’à des périodes de repos à l’occasion des fêtes religieuses et nationales.
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