Règlements de comptes entre amis

Plus d’un an après les émeutes populaires et la nomination de Lansana Kouyaté à la tête du gouvernement, l’opposition peine à s’organiser. Ses deux principales formations changent de direction.

Publié le 28 avril 2008 Lecture : 3 minutes.

Ambiance délétère au sein de l’Union pour le progrès et le renouveau (UPR) du défunt Siradiou Diallo. Jamais, depuis la mort de son charismatique fondateur, le 14 mars 2004, le parti n’aura semblé aussi divisé. Dernier épisode d’un feuilleton qui tient la classe politique guinéenne en haleine : l’arrivée, le 20 avril, à Conakry, d’Assiatou Bah Diallo. Une visite qui serait passée inaperçue si la veuve de Siradiou Diallo, résidant à Paris, n’était venue prendre les rênes de l’UPR à la demande d’une cinquantaine de membres du Bureau exécutif national du parti.

Guerre des chefs
Le 18 avril, ces derniers ont en effet décidé de destituer leur président Ousmane Bah, jugé trop autoritaire. Et investi, dans la foulée, Assiatou Bah Diallo, jusqu’alors vice-présidente, afin de « sauvegarder les intérêts du parti ». Colère des partisans de Bah, qui accusent le groupe de « frondeurs » de parler au nom d’un bureau qui compte une centaine de membres Les fédérations établies à l’étranger (France, États-Unis, etc.) s’en mêlent, qui multiplient les déclarations pour dénoncer « la tentative d’arracher le parti afin de le brader à Cellou Dalein Diallo », l’ancien Premier ministre de Lansana Conté de 2004 à 2006. AmbianceÂ
La crise que traverse l’UPR ne date pas d’hier. Tout commence au lendemain des manifestations populaires de janvier-février 2007. Ousmane Bah rencontre l’ancien chef du gouvernement, qui, depuis son limogeage, le 5 avril 2006, envisage de passer du côté de l’opposition. Invité à rejoindre les rangs de l’UPR, Cellou, comme l’appellent ses compatriotes, donne le ton : « Je veux, au regard de mon expérience dans la gestion de l’État, briguer la magistrature suprême. Pour y aller sous les couleurs de votre parti, il faut que j’en devienne le président. »
Assiatou Bah Diallo et plusieurs autres membres du parti n’y voient pas d’inconvénient. Plus réticent, Ousmane Bah indique que « les postes de président et de vice-président ne sont pas négociables », et propose, en octobre 2007, celui de président d’honneur à Cellou. Si elle ne désapprouve pas publiquement cette « résolution », Assiatou Bah Diallo campe sur ses positions. Pour elle, l’ex-chef du gouvernement est la personne la mieux indiquée pour défendre les couleurs de leur formation, et donc pour la diriger.
Mamadou Bhoye Bâ, doyen de l’opposition en Guinée, profite de ce blocage pour offrir à Cellou la présidence de son parti, l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG). Une commission est même mise en place en vue d’opérer un rapprochement entre l’UPR et l’UFDG. Objectif ? Créer une unité d’action politique des Peuls, ethnie majoritaire dans le pays mais qui n’a jamais réussi, depuis l’indépendance, à porter l’un des siens à la tête de l’État.

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Un parti au bord de l’implosion
Mais la commission ne débouche sur rien de concret. Afin de juguler la crise, l’UPR fait appel à un médiateur : Nouhou Diallo, ancien président de l’Assemblée nationale du Mali, ex-président du parlement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et proche de Siradiou Diallo. Durant plus d’un mois (du 16 décembre 2007 au 25 janvier 2008), le Malien tente de rapprocher l’UPR et l’UFDG ainsi que l’Union des forces démocratiques (UFD) d’Amadou Bah Oury. Là encore, sans grand résultat. Tout au plus parvient-il à mettre en place des commissions de travail.
Nouhou Diallo a eu beau mettre sur la balance tout le poids de son amitié avec le défunt président de l’UPR, il n’est parvenu à mener à bien sa mission. Trois mois plus tard, la situation de crise est telle que, pour la première fois depuis sa création en 1993, le parti est au bord de l’implosion. Malgré ses soutiens au sein du Bureau exécutif (le député Mamadou Saliou Baldé, le commandant à la retraite Oumar Barou Diallo, etc.), Assiatou Bah Diallo aura bien du mal à mettre tout le monde d’accord.

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