Pourquoi Obama est le meilleur

Dans un éditorial du 21 avril, le quotidien britannique Financial Times prend position pour le sénateur de l’Illinois dans la course à l’investiture démocrate. En voici de larges extraits.

Publié le 28 avril 2008 Lecture : 3 minutes.

La compétition est très serrée et le Parti démocrate profondément divisé. Barack Obama et Hillary Clinton sont l’un et l’autre des candidats solides, qui séduisent des secteurs bien distincts de l’électorat. Après la primaire de Pennsylvanie, les démocrates seraient bien inspirés de désigner rapidement Obama. Parce que son avance en termes de délégués à la Convention nationale ne peut plus être comblée. Parce que l’intérêt du parti est de mettre sans délai un terme à l’affrontement. Mais aussi, simplement, parce qu’il est le meilleur candidat.
Les différences politiques entre les deux adversaires sont minces. Leur désaccord sur la couverture maladie universelle, par exemple, n’a que peu de conséquences pratiques. Car l’obligation de s’assurer que Clinton propose d’instaurer ne peut déboucher sur une couverture véritablement universelle que dans l’hypothèse où les contrevenants sont sanctionnés. Or elle n’y est pas favorable La vérité est que les deux candidats proposent une couverture quasi universelle. Les qualités (meilleur accès aux soins, notamment) et les défauts (contrôle insuffisant des coûts) de leurs programmes respectifs sont sensiblement les mêmes.
Dans presque tous les domaines, que leurs propositions soient bonnes (soutien aux travailleurs déplacés), discutables (hostilité à la libéralisation du commerce) ou simplement vagues (guerre en Irak), elles n’offrent pas vraiment matière à débat. Il s’agit avant tout d’une opposition entre deux personnalités, deux tempéraments, deux identités. Les plus fervents supporteurs d’Obama sont les Noirs. Ceux de Clinton, les femmes.
Obama a mené une campagne brillante. Il a réussi à déjouer les plans de son adversaire, à collecter davantage d’argent et à apparaître aux yeux des indécis comme plus sympathique, plus franc, plus digne de confiance. C’est un orateur surdoué, capable de subjuguer de vastes auditoires. Il recherche le consensus en toutes circonstances et séduit bien au-delà des rangs de son parti.
À l’inverse, la campagne de Clinton est placée sous le signe de la confusion. Convaincue d’en finir rapidement, elle ne s’est pas préparée à une bataille de longue haleine, a vite manqué d’argent et a été contrainte de modifier ses batteries en catastrophe. Le style très prosaïque de ses discours agace. Elle a le chic pour susciter des haines inexpiables. Au début, elle recueillait dans les sondages un fort pourcentage d’opinions défavorables. Après plusieurs mois de campagne, c’est pire. Sans sa pugnacité et le dévouement de ses partisans, son sort aurait été scellé depuis longtemps. Certes, la manière dont un candidat mène campagne ne préjuge pas forcément de sa capacité à exercer la magistrature suprême, mais elle fournit une indication. Surtout si ledit candidat est complètement à côté de la plaque, tout en prétendant être un expert en ­management !
Le comportement conséquent et le style détendu d’Obama sont la preuve de son sang-froid. Ils incitent à croire à son authenticité. Par contraste, l’hyper­activité désordonnée de ses conseillers brouille l’image d’Hillary, qui donne l’impression de changer chaque jour de personnalité. Voire plusieurs fois au cours d’une même interview ! Ainsi ont-ils ressorti Bill Clinton du placard pour rappeler aux Américains les années 1990. Avant de l’y enfouir à nouveau pour les convaincre de les oublier au plus vite. Bref, trop de changements, pas de cap clairement défini.
Bien sûr, Obama a commis des erreurs, qu’il s’agisse de ses relations ambiguës avec Jeremiah Wright, le pasteur démagogue, ou, plus récemment, ses déclarations condescendantes sur la politique des démocrates dans les petites villes. Dans le premier cas, il a répliqué par un discours magistral sur la question raciale, qui, pour finir, lui a peut-être fait gagner des points dans les sondages. Dans le second, il s’est montré plus évasif, moins convaincant, mais l’opinion ne semble pas lui en tenir rigueur.
Les Américains n’aspirent aujourd’hui qu’à une chose : qu’on suscite un peu leur enthousiasme. Élire pour la première fois une femme à la Maison Blanche serait certes enthousiasmant. Mais pas cette femme-là. Et pas contre cet homme-là. Le Parti démocrate attend depuis très, très longtemps un homme politique de la trempe d’Obama. Le moment est venu de mettre un terme à cette attente.

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