Le « scandale » Van Walsum

Face au Conseil de sécurité réuni à huis clos le 21 avril, Peter Van Walsum, médiateur de l’ONU pour le conflit du Sahara occidental depuis 2005, a fait sensation en sortant pour la première fois de sa réserve. Pour ce diplomate néerlandais de 74 ans, « l

Publié le 28 avril 2008 Lecture : 3 minutes.

– Comme le Conseil de sécurité n’a pas réagi, en 2004, quand le Maroc a décidé qu’il ne pouvait accepter un référendum comportant l’indépendance comme option, j’en ai conclu qu’aucune pression ne pourra amener ce pays à renoncer à sa revendication de souveraineté sur ce territoire. Et donc que l’indépendance du Sahara occidental n’était pas une proposition réaliste. J’ai senti le besoin de réitérer cette conclusion. Mes interlocuteurs à Tindouf et à Alger n’ont pas contesté mon analyse, mais ils ont exprimé leur profond désaccord avec ma conclusion.

– Les positions des deux parties sont mutuellement exclusives. Ce qui est une nécessité absolue pour l’un est tout à fait inacceptable pour l’autre. Pour le Front Polisario, un référendum avec l’indépendance comme option est indispensable à la réalisation de l’autodétermination, alors que le Maroc n’est pas en mesure d’accepter un tel référendum, mais estime que l’autodétermination peut être atteinte par d’autres formes de consultation populaire. En conséquence, une impasse encore plus profonde s’est installée au cÂur d’un processus qui avait justement pour but de sortir de l’impasse.

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Ce qu’il faut, c’est une orientation plus claire de la part du Conseil de sécurité. Pour répondre à la question vitale de savoir si une proposition a la priorité sur l’autre, on ne peut se contenter de l’interprétation controversée d’un certain nombre de phrases confuses. Si le Conseil ne peut faire un choix, les parties ne le pourront pas non plus.
De nombreux pays considèrent l’actuel statu quo comme parfaitement tolérable, car il leur évite de faire un choix pénible et de prendre parti entre l’Algérie et le Maroc. La persistance de ce statu quo pourrait bien être le résultat naturel – par défaut – du processus en cours de négociation. En réalité, il existe au sein de la communauté internationale un point de vue largement répandu selon lequel la position du Polisario est la plus forte sur le plan légal, mais qu’il n’incombe pas au Conseil de sécurité de faire pression sur le Maroc pour qu’il se retire du Sahara occidental. Tout se passe comme si le Front Polisario n’entendait que la première partie de cette phrase. Et le Maroc, la seconde.

– Dès le début, j’ai insisté sur la nécessité de respecter la réalité politique en même temps que la légalité internationale. La possession physique du Sahara occidental par le Maroc est une réalité politique, tout comme il est réel qu’aucun pays n’a, à ce jour, formellement reconnu la souveraineté du royaume sur ce territoire. [Â] Ce qui importe, c’est de savoir comment la réalité politique et la légalité internationale peuvent interagir pour nous permettre de prendre les meilleures décisions. Je n’accepte pas l’idée selon laquelle la prise en compte de la réalité politique soit une concession ou une capitulation, ni qu’il soit systématiquement erroné de s’affranchir de la légalité pure. Les choix à faire ne sont pas limités au dilemme entre légalité internationale et réalité politique. Il existe également un dilemme moral lorsque l’on compare la vertu de la légalité internationale aux conséquences de cette exigence pour le peuple du Sahara occidental, dans sa vie quotidienne. La principale raison pour laquelle j’estime que le statu quo actuel est intolérable est qu’il est trop aisément accepté non seulement par des spectateurs extérieurs et lointains, mais aussi par les partisans inconditionnels du Front Polisario, qui ne vivent pas eux-mêmes dans les camps et qui sont convaincus que ceux qui y vivent préfèrent y demeurer indéfiniment plutôt que d’opter pour une solution négociée qui soit en deçà de l’indépendance totale. »

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