L’Afrique hors champ
C’est déjà une certitude : la palme d’or du Festival de Cannes 2008 (13-17 mai) ne sera pas attribuée à un film africain. Et pour cause : pour la onzième année consécutive, aucun ne figure dans la vingtaine de films sélectionnés pour la compétition. Plus ennuyeux encore, aucun réalisateur africain ne pourra présenter son dernier long-métrage dans la sélection officielle hors compétition (« Un certain regard »). Et pas davantage dans les sélections dites « parallèles » : la « Semaine de la critique », consacrée aux auteurs de premiers ou de deuxièmes films, et la « Quinzaine des réalisateurs », à une exception près : le Franco-Algérien Rabah Ameur-Zaïmèche (Dernier Maquis). Mais le plus grave est peut-être que, dans les sections consacrées à la découverte de futurs talents, comme la Cinéfondation, qui présente des courts- et moyens-métrages réalisés par des élèves des meilleures écoles de cinéma de la planète, aucun Africain n’est présent, ce qui augure bien mal de l’avenir.
Il y a certes quelque injustice dans cet « oubli » de tout un continent par le plus prestigieux des festivals. C’est ainsi : le cinéma africain n’est plus à la mode. Mais les Africains eux-mêmes portent une part de responsabilité. Dans la plupart des pays, notamment au sud du Sahara, le septième art, peu ou pas soutenu par les pouvoirs publics, est sinistré.
Mince consolation, le jury cannois comptera dans ses rangs un réalisateur franco-algérien, Rachid Bouchareb, l’heureux auteur d’Indigènes. Et puis l’Afrique sera quand même présente sur l’écran du Palais des festivals grâce au film (Johnny Mad Dog) que le réalisateur français Jean-Stéphane Sauvaire consacre aux enfants-soldats du Liberia.
Parmi les grands cinéastes présents en compétition, citons Clint Eastwood, Wim Wenders et Steven Soderbergh (avec un film très attendu sur Che Guevara). Woody Allen et Steven Spielberg (avec le dernier Indiana Jones) seront également là, mais hors compétition.
À l’inverse de l’Afrique, le Moyen-Orient n’aura cette année pas à se plaindre : un film turc et un film israélien figurent sur la liste des longs-métrages sélectionnés pour la compétition. Dans les autres sélections, on trouve notamment un film palestinien et un film libanais.
Toutes les stars qui graviront les célèbres marches du Palais ne seront pas des vedettes du septième art. Diego Maradona devrait ainsi assister à la projection du film que lui consacre Emir Kusturica – l’ancien footballeur ne l’a pas encore vu ! Et Mike Tyson, l’ancien champion du monde des poids lourds, devrait faire de même pour le documentaire sur son parcours réalisé par James Toback.
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