La baisse du dollar ? Elle profite à tout le monde

Publié le 28 avril 2008 Lecture : 3 minutes.

Beaucoup s’alarment du déclin de la monnaie américaine, parlent de faiblesse et appellent à des mesures pour enrayer le phénomène. Ils se trompent. Ils confondent faiblesse structurelle et ajustement. Au regard de l’important déficit de la balance commerciale des États-Unis, le dollar n’est en réalité pas faible, mais exceptionnellement fort. La baisse enregistrée ces cinq dernières années a stimulé les exportations américaines et empêché que le déficit ne s’aggrave. Depuis mars 2006, le dollar a baissé de 13 % en moyenne par rapport à l’euro ou au yen, tandis que les exportations américaines ont progressé de 17 % et que le déficit commercial a diminué de 11 %. Ce dernier atteint toutefois le montant impressionnant de 700 milliards de dollars en 2007, soit 5,1 % du produit intérieur brut. Sachant que les États-Unis importent environ deux fois plus qu’ils n’exportent, le dollar devrait encore baisser davantage avant de rétablir l’équilibre de la balance commerciale.

La monnaie américaine devient plus compétitive, mais elle ne crée pas de déséquilibre fondamental pour les principaux partenaires des États-Unis. Ceux-ci affichent pour la plupart un excédent commercial confortable. Il dépasse 100 milliards de dollars pour le Japon. Il est proche de 40 milliards de dollars en ce qui concerne la zone euro, voisin de 250 milliards dans le cas de la Chine et de 150 milliards pour l’Arabie saoudite ou encore la Russie. En revanche, les gestionnaires de portefeuilles privés ou publics du monde entier se montrent beaucoup trop réservés. Les taux d’intérêt et le taux de change ne sont pas de nature à les inciter à conserver leurs bons du Trésor et autres valeurs en dollars. Ils devraient au contraire les garder, voire en acquérir d’autres, jusqu’à hauteur des 700 milliards du déficit commercial américain.

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Il n’y a que deux façons d’encourager les gestionnaires de fonds à conserver leurs bons du Trésor américains : baisser d’un coup la valeur du dollar ou augmenter les taux d’intérêt – ce qui revient à compenser la baisse de la monnaie. La première solution renforcerait encore la compétitivité des exportations américaines, avec pour résultat une amélioration de la croissance économique du pays, ce qui serait une bonne chose compte tenu du marasme général. Il y aurait cependant tout lieu de craindre un déséquilibre du commerce mondial. Dans le second cas, le risque est grand d’une réduction des investissements et, plus généralement, de l’activité économique mondiale. Il y a donc lieu de se réjouir que les ajustements opérés jusqu’à présent face à la crise se soient traduits par une baisse du dollar plutôt qu’une hausse des taux d’intérêt.

Quant à des interventions pour soutenir le dollar, elles pourraient se révéler doublement contre-productives. D’abord en anéantissant la compétitivité des exportations américaines, avec toutes les conséquences que cela aurait sur le déficit commercial. Il y a ensuite tout lieu de penser qu’un renchérissement du dollar donnerait aux autorités japonaises l’occasion de dévaluer le yen et la légitimité pour le faire. Ce qui anéantirait tous les efforts engagés ces dernières années pour laisser les marchés décider de la valeur des monnaies.
Il faut donc que les investisseurs et les décideurs politiques prennent conscience du mouvement engagé : la baisse du dollar fait partie d’un processus naturel qui vise à réduire le déficit commercial américain. Compte tenu de l’affaiblissement attendu de l’économie américaine, ce rééquilibrage de la balance commerciale et le déclin du dollar tombent au bon moment.

L’auteur est également membre, depuis 2006, du Cabinet des conseillers économiques du président Bush.

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