Foued Lakhoua

Président de la Chambre tuniso-française de commerce et d’industrie (CTFCI)

Publié le 28 avril 2008 Lecture : 2 minutes.

Jeune Afrique : En quoi la nature des projets des entreprises françaises a-t-elle évolué ?
Foued Lakhoua : Jusqu’à la fin des années 1980, la Tunisie accueillait surtout de petites entreprises du textile, le bobinage électrique et les assemblages mécaniques. À partir de 1993, on a assisté à une migration progressive vers des activités à plus forte valeur ajoutée, dans les secteurs de la plasturgie, des composants automobiles, de l’électronique et de l’aéronautique. Depuis 2003, certaines sociétés déjà implantées dans notre pays ont commencé à y installer des centres de recherche et développement (R&D). Celui de Sagem, par exemple, compte désormais une quarantaine d’ingénieurs et en emploiera 200 en régime de croisière. L’avenir de la Tunisie réside dans de tels projets, utilisateurs de matière grise et non plus d’heures de main-d’Âuvre.

Que répondez-vous au tollé soulevé en France par les délocalisations ?
Une entreprise ne délocalise pas par plaisir. Si elle le fait, c’est qu’elle est confrontée à un impératif de compétitivité, donc de survie. En outre, toutes n’ont pas forcément délocalisé des lignes de production, mais ont uniquement créé de nouvelles unités, à moindre coût, pour faire face à la concurrence. On peut affirmer que, grâce au redéploiement d’une partie de leur activité en Tunisie, certaines entreprises ont retrouvé leur compétitivité, ce qui a contribué à sauver des emplois en France. C’est le cas du strasbourgeois Socomec, qui produit du matériel électrique. Non seulement il n’a supprimé aucun emploi en France mais, grâce à son unité tunisienne, il a augmenté son chiffre d’affaires de 50 % depuis 2005. D’autres exemples montrent que, lors de leur implantation en Tunisie, des entreprises suppriment des emplois en France dans la production mais que, très vite, elles en recréent au niveau de la R&D, de la logistique et de la fonction commerciale.

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Quelques repères pour mesurer l’indice de satisfaction ?
Je peux assurer que les entreprises françaises en Tunisie s’y sentent bien pour deux raisons. Tout d’abord, le montant des extensions d’entreprises déjà installées, hors énergie, a représenté en 2007 près de 3,5 fois le montant des nouvelles créations, ce qui dénote un climat d’affaires propice aux investissements. Ensuite, la dernière enquête réalisée par la CTFCI pour le Conseil français des investisseurs en Afrique (CIAN) montre que sept entreprises françaises sur dix ont connu une progression très soutenue de leur chiffre d’affaires en 2007.

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