Afrique du Sud : l’opposition radicale rattrapée par une affaire financière
Une des têtes d’affiche de l’opposition radicale sud-africaine s’est vigoureusement défendue samedi d’avoir bénéficié du pillage organisé d’une banque du pays, une affaire qui secoue la classe politique à quelques mois des élections générales.
Mercredi, un rapport commandé par la Banque centrale a révélé que les comptes de VBS Mutual, célèbre pour avoir accordé un prêt à l’ancien président Jacob Zuma, avaient été frauduleusement vidés de l’équivalent de 110 millions d’euros.
« La banque est corrompue et pourrie jusqu’à la moelle », ont estimé ses auteurs, évoquant un « casse » en bonne et due forme.
Cité depuis, avec son frère, dans la liste des « pillards » présumés, le vice-président des Combattants pour la liberté économique (EFF, gauche radicale), Floyd Shivambu est sorti de son silence pour démentir toute implication dans ce dossier.
L’affaire a pris une dimension politique
« Pour que ce soit bien clair, je n’ai jamais reçu 10 millions de rands (590.000 euros environ) de VBS ou de qui que ce soit d’autre sur mon compte personnel », a déclaré M. Shivambu dans une déclaration publiée sur Twitter.
« Je n’ai jamais fait affaire avec VBS et toute tentative de lier les EFF avec la banque est mal intentionnée et vaine », a-t-il insisté, dénonçant une « entreprise de tromperie massive pour tromper le peuple à grands coups de fausses informations ».
Depuis la publication du rapport sur VBS, l’affaire a pris une dimension politique en Afrique du Sud.
Le principal parti d’opposition, l’Alliance démocratique (DA), exige des explications des EFF et du Congrès national africain (ANC) au pouvoir, dont des membres ont aussi été mis en cause.
« Peut-être que les EFF devraient changer de nom: Exclusivement Favorable à la Famille », a raillé sur Twitter le chef de son groupe parlementaire, John Steenhuisen, en demandant avec d’autre la suspension du député Floyd Shivambu.
« Hors de question. N’y comptez pas », a sèchement répondu le bouillant chef des EFF, Julius Malema, qui doit tenir une conférence de presse mardi sur l’affaire.
Un prêt de 7,8 millions de rands à Jacob Zuma
Des élections générales sont prévues en avril ou mai prochains en Afrique du Sud.
Dans un pays au taux de chômage endémique (27%), l’ANC du président Cyril Ramaphosa les aborde en perte de vitesse. Les EFF grignotent son électorat jeune et pauvre et espèrent dépasser le score national de 8% réalisé lors des élections locales de 2016.
La banque VBS Mutual a été placée sous tutelle de l’Etat il y a quelques mois, à court de liquidités.
La banque avait accordé un prêt de 7,8 millions de rands (460.000 euros) au président Jacob Zuma pour qu’il rembourse à l’Etat les rénovations dans sa propriété privée de Nkandla (est), à l’origine d’une vaste affaire d’abus de biens publics.
M. Zuma a été contraint de démissionner en février, mis en cause dans une longue série de scandales de corruption.
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