Christiane Taubira

La députée de Guyane a été chargée par Nicolas Sarkozy du dossier des Accords de partenariat économique (APE).

Publié le 28 avril 2008 Lecture : 2 minutes.

Jeune Afrique : En quoi consiste exactement la mission que vous a confiée Nicolas Sarkozy ?
Christiane Taubira : Avant que la France n’assume la présidence tournante de l’Union européenne le 1er juillet prochain, le président Sarkozy m’a chargée de faire des propositions en vue de dissiper les malentendus qui persistent concernant les APE. Il est question de les inscrire dans une logique de développement, et de mieux tenir compte des demandes des pays ACP (Afrique-Caraïbes-Pacifique). Je rendrai mon rapport le 15 juin.

Vous n’avez que deux mois pour rendre votre copieÂ
Je connais bien le sujet. Je suis économiste, j’ai été députée et membre de la délégation ACP-UE au Parlement européen de 1994 à 1999. Je milite depuis des années pour l’annulation de la dette. Ce sont des dossiers que je suis depuis maintenant quinze ans.

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Est-il possible, selon vous, d’infléchir l’approche de la Commission européenne et de modifier le contenu des APE ?
Oui. Il est nécessaire de changer l’approche des négociations qui ne doivent pas être uniquement abordées du point de vue commercial. Il faut prendre en compte la question du développement économique. Va-t-on laisser le café et le coton circuler librement ? Que représentent ces produits pour les pays du Sud ? Il faut nous interroger sur la diversification de ces économies, sur l’intensification des mécanismes d’échanges régionaux entre les pays du Sud, sur le transfert des technologies, etc. Il est impératif que l’UE prête davantage attention aux nécessités de développement des pays du Sud. Quel est l’intérêt de négocier des accords commerciaux si on n’y intègre pas toutes ces questions ?

Ne craignez-vous pas de heurter la Commission européenne ?
Mais il faut trouver un compromis. Lors du grand débat européen organisé au Quai d’Orsay en janvier dernier, personne n’a évoqué les APE. Personne n’avait l’air de se rendre compte qu’une crise était en train de couver puisqu’un certain nombre de pays n’avaient pas encore signé les accords intérimaires de fin décembre. J’ai décidé d’en parler aux ministres. Et j’ai pu en discuter plus longuement avec Jean-Pierre Jouyet, le secrétaire d’État en charge des Affaires européennes.

Vous avez refusé d’entrer dans le gouvernement Fillon. Mais en acceptant aujourd’hui cette mission ne risquez-vous pas de vous fâcher avec votre famille politique, la gauche ?
Cette mission n’est pas en contradiction avec mon engagement, fondé sur les valeurs radicales de gauche. Je suis d’abord une Guyanaise qui rejette la logique de compétition, de concurrence et d’affrontement avec les pays ACP. Si je sais que je peux contribuer à améliorer les choses dans 77 pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, alors je n’hésite pas une seconde à m’engager.

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