Hommages à Maryse Condé : et si l’aéroport de la Guadeloupe portait son nom ?

C’est la proposition avancée par l’écrivain guadeloupéen Max Rippon, en guise d’hommage à la romancière qui a remporté le 12 octobre le Prix Nobel alternatif de littérature. Il n’est d’ailleurs pas le seul à avoir salué cette consécration internationale pour l’auteur de « La Vie Scélérate ».

Maryse Condé chez elle à Paris, en 2015. © Jacques Torregano pour JA.

Maryse Condé chez elle à Paris, en 2015. © Jacques Torregano pour JA.

KATIA TOURE_perso

Publié le 15 octobre 2018 Lecture : 4 minutes.

La communauté antillaise est en émoi. Maryse Condé a remporté, le 12 octobre dernier, le Prix Nobel alternatif de littérature, décernée par la Nouvelle Académie, institution provisoire créée par des intellectuels suédois – en lieu et place de la véritable institution embourbée dans un scandale sexuel, dans la foulée de la vague #MeToo. Aussi, en Guadeloupe, île natale de la romancière à laquelle elle a dédié ce prix, les hommages n’ont pas manqué. L’un d’entre eux a particulièrement attiré l’attention.

Celui de l’écrivain et poète marie-galantais Max Rippon. Ce dernier a purement et simplement appelé à ce que l’aéroport Pôle Caraïbes des Abymes, en Guadeloupe, soit rebaptisé « Maryse Condé ».

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Le temps de la consécration

« Maryse Condé arrive au temps de la consécration de son œuvre et ses premières paroles sont : “Je ramène au pied de la Guadeloupe cet hommage mondial qui est bien plus rendu à mon travail d’écrivain qu’à ma personne”. Nous serions bien galants de lui rendre la pareille », a commenté Max Rippon sur les ondes de la radio locale guadeloupéenne RCI avant d’ajouter que Pôle Caraïbes étant un aéroport « mal nommé », il appelle tous les Guadeloupéens à faire en sorte que « la porte d’entrée sur la Guadeloupe soit désormais reconnue comme la porte d’entrée Maryse Condé. »

Et de citer l’aéroport Aimé Césaire, en Martinique, ou les noms du gouverneur portoricain Luis Munoz Marin et de l’homme politique et chef de la Révolution haïtienne Toussaint Louverture qui, respectivement, ornent les devantures des aéroports de San Juan et Port-au-Prince.

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« Maryse Condé le mériterait pleinement. Être écrivain, c’est un travail que l’on fait seul mais quand on gagne, on gagne pour son pays, on gagne pour tous », a encore défendu Max Rippon. Sa proposition a très vite remporté l’adhésion de bon nombre de Guadeloupéens.

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« Il serait en effet grand temps de lui rendre un hommage à la mesure de son talent », a écrit une internaute sur Facebook. Ou encore : « Cette écrivaine est connue partout et a donc porté les couleurs de la Guadeloupe bien au-delà des frontières du papillon. Ce serait un très bon choix. » D’autres préfèrent voir son nom attribué à une bibliothèque, une rue ou encore une école. Mieux encore, certains arguent que le fameux Centre des Arts de Pointe-à-Pitre, toujours en travaux, retrouverait tout son faste avec le nom de l’auteur de « La Vie Sans Fards ».

La vie n’est pas toujours scélérate, elle réserve des merveilles et nous donne parfois le cœur à rire… ou à pleurer d’émotion

Notons également que la controverse a été au rendez-vous. D’aucuns se sont plaints de voir Maryse Condé, pourtant plusieurs fois citée pour le Nobel, recevoir une telle consécration à l’étranger ou alors un traitement médiatique de la nouvelle tardif ou limité en France.

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Ceci mis à part, l’ex-Garde des Sceaux guyanaise, Christiane Taubira, y est également allée de son hommage sur Twitter, en jouant avec le titre de certaines des œuvres de l’écrivaine antillaise. « Félicitations chaleureuses et amicales à Maryse Condé, lauréate du prix Nobel alternatif de littérature. La vie n’est pas toujours scélérate, elle réserve des merveilles et nous donne parfois le cœur à rire… ou à pleurer d’émotion. »

L’actuelle ministre de la Culture française, Francoise Nyssen, a également tweeté : « Toutes mes félicitations à Maryse Condé, merveilleuse ambassadrice d’une francophonie sans frontières, lauréate du Nouveau Prix de littérature. Dépeignant avec force les ravages du colonialisme, ses mots et son œuvre constituent un rempart indispensable contre l’oubli. »

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L’écrivain haïtien Dany Laferrière a, lui, adressé une lettre à la Guadeloupéenne, publiée sur le site de l’agent littéraire Camille Robitaille. En voici un extrait : « Je me souviens d’une de tes visites en Haïti, au début des années 70. J’arrivais à radio-Haïti où je travaillais comme jeune journaliste quand on m’a signalé ta présence dans le bureau de Jean Dominique. Tu n’étais pas encore la romancière célébrée dans le monde entier pour Ségou, cette évocation douce-amère de l’Afrique, mais déjà une intellectuelle redoutable qui pourfendait les mythes. À ce moment-là je me nourrissais de mythes et d’épopées, et j’avais peur de te rencontrer. Ce que je saurai rapidement c’est la grande tendresse, cette nappe phréatique qui irrigue tout ton être et t’empêche souvent de sombrer dans le désespoir. Tes livres, malgré tout, sont gorgés de soleil. De ce soleil qui tire les arbres vers le haut. Tes livres sont faits de ces arbres qui dansent dans l’éternel été de nos vies. »

L’écrivain franco-djiboutien Abdourahman Waberi a salué « une grande sœur » à qui il doit de nombreux petits bonheurs.

L’animatrice guadeloupéenne Véronique Polomat parle de « fierté pour la littérature française et la Guadeloupe ».

Audrey Azoulay, directrice générale de l’UNESCO cite « une figure majeure de la littérature francophone ».

Et, pour finir, le tweet de Jacques Bangou, maire de Pointe-à-Pitre où elle a vu le jour le 11 février 1937.

Ce Prix Nobel alternatif, d’une valeur d’un million de couronnes (97 000 euros environs) récolté par mécénat et financement participatif, sera remis à Oslo, le 9 décembre 2018, en présence de la lauréate. Notons que cette somme représente un dixième de celle perçue par les lauréats d’un Nobel. Peu après la cérémonie, la Nouvelle Académie, qui se voulait provisoire, sera dissoute.

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