Benoît Daviron

Chercheur au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad)

Publié le 28 avril 2008 Lecture : 2 minutes.

Jeune Afrique : Pourquoi les Africains n’arrivent-ils plus à se nourrir ?
Benoît Daviron : Principalement en raison de la mauvaise connexion des villes africaines aux zones rurales. Les infrastructures de stockage et de transport sont mal développées et empêchent que les productions transitent suffisamment et à bas prix. Les politiques de libéralisation menées depuis une quinzaine d’années ont aggravé la situation. Auparavant, les mécanismes de contrôle aux frontières permettaient de protéger les marchés domestiques. Enfin, l’argent ne circule pas assez et les microcrédits ne sont pas utilisés correctement. Toutes les politiques libérales ne sont pas pour autant négatives. Dans certains pays comme le Ghana ou le Mali, qui est exportateur net de denrées alimentaires dans la sous-région depuis la privatisation de l’Office national du Niger, elles ont même permis de dynamiser l’agriculture.

Les pays asiatiques sont aujourd’hui autosuffisants alors qu’ils se trouvaient dans la même situation que les pays africains. Quelle a été leur recette ?
Ce n’est pas le cas de tous les pays asiatiques. La Malaisie, qui a assis son agriculture sur l’exportation, est confrontée aux déficits récurrents de ses productions locales. Mais il est vrai que la situation de l’Asie était identique à celle de l’Afrique dans les années 1960 et que certains pays ont lancé des révolutions vertes et ont injecté énormément d’argent. La Corée et Taiwan sont exemplaires sur ce point. Pour l’Inde, l’accroissement des rendements était une priorité, faute de main-d’ÂÂuvre et de surfaces cultivables suffisantes. En Afrique, les contraintes de l’agriculture sont très différentes, mais on a essayé tout et n’importe quoi, y compris la mécanisation de la filière riz dans la vallée du fleuve Sénégal. Il n’y a pas eu assez de volonté politique, de stratégies sur le long terme, ni même assez de capitaux.

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Comment peut-on améliorer cette situation ?
Il faut rendre les productions agricoles accessibles. Un agriculteur produit davantage s’il sait qu’il écoulera ses récoltes sur des marchés solvables. Si le miracle du coton africain a été possible, c’est parce que cette culture a bénéficié d’une logistique de transport, d’entreposage, d’acheminement jusqu’aux ports, mais aussi d’importants investissements.

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