À Ouagadougou, un monument élevé à la mémoire de Thomas Sankara

La première pierre d’un monument à la mémoire de Thomas Sankara a été posée ce 15 octobre à Ouagadougou, 31 ans jour pour jour après l’assassinat du père de la révolution burkinabè.

De gauche à droite : Blaise Compaoré, Thomas Sankara et Jean-Baptiste Lingani, le 4 août 1983, jour où Sankara prend le pouvoir © Archives Jeune Afrique

De gauche à droite : Blaise Compaoré, Thomas Sankara et Jean-Baptiste Lingani, le 4 août 1983, jour où Sankara prend le pouvoir © Archives Jeune Afrique

Publié le 16 octobre 2018 Lecture : 2 minutes.

La statue de cinq mètres de haut, un bronze en ronde bosse, sera érigée sur une superficie de quatre hectares au siège du Conseil national de la révolution, où le président Sankara a été tué par un commando le 15 octobre 1987 à 37 ans lors du coup qui porta au pouvoir son compagnon d’armes, Blaise Compaoré.

Ce dernier, soupçonné d’avoir participé au complot par de nombreux Burkinabè, fut à son retour renversé lors d’un soulèvement populaire le 31 octobre 2014. La mort de Thomas Sankara, devenue une figure panafricaine, était un sujet tabou pendant ses 27 ans de pouvoir Sur chacune des quatre faces du socle en béton de trois mètres de haut figureront trois bustes des douze camarades tués en même temps que le capitaine Sankara, a expliqué un des concepteurs du monument, Jean-Luc Aristide Bambara.

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« Une mémoire vivace » pour le président Roch Kaboré

« La pose de cette première pierre en ce jour anniversaire de l’assassinat de Thomas Sankara et de ses douze compagnons nous offre l’occasion de commémorer ce triste événement et de nous remémorer le sacrifice ultime que le président du Conseil national de la révolution a accepté d’assumer avec lucidité, courage et dignité », a déclaré le président du Comité international mémorial Thomas Sankara, le colonel Bernard Sanou. Le monument permettra à « ses héritiers d’avoir un lieu de rencontre, d’inspiration, de ressourcement de l’idéal du président Thomas Sankara, afin de continuer à oser réinventer l’avenir. »

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Plusieurs centaines de personnes, dont des membres du gouvernement, ont assisté à la cérémonie suivie d’une procession jusqu’au bâtiment Burkina devant lequel, le président Sankara a été abattu. Arrivé au pouvoir par un coup d’État, en 1983, Thomas Sankara faisait face à une contestation montante dans le pays en raison de ses choix sans concession, alors que sa dénonciation de l’impérialisme et ses liens avec les sulfureux dirigeants de la Libye et du Ghana lui valaient de solides inimitiés.

« En ce 15 octobre 2018, la mémoire du président Thomas Sankara reste vivace à travers le monde. Son sacrifice pour l’émancipation et la dignité du peuple burkinabè ne sera pas vain. Je réitère mon engagement à œuvrer pour l’aboutissement de la justice dans le dossier de son assassinat », a twitté le président burkinabé Roch Marc Christian Kaboré. Longtemps resté en veille sous le régime Compaoré, le dossier de l’assassinat du capitaine Sankara a connu une accélération sous le gouvernement de transition qui a ordonné, fin mars 2015, l’ouverture d’une enquête judiciaire.

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Commission rogatoire en France et poursuites au Burkina

En France, une commission rogatoire a été mise en place, un juge nommé et la levée du secret-défense concernant les archives sur l’assassinat promise par le président Emmanuel Macron. « Nous espérons que l’ensemble de ces archives seront mis à la disposition du Burkina Faso », a écrit la veuve de Thomas, Mariam Sankara, dans un message transmis à l’AFP. Des députés de la France insoumise, groupe parlementaire de gauche, ont aussi amené le débat dans l’hémicycle français.

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Incarcéré pour le coup d’état manqué de septembre 2015, l’ancien chef d’état-major de Blaise Compaoré, le général Gilbert Diendéré, est poursuivi dans l’affaire Sankara pour « atteinte à la sûreté de l’Etat, séquestration, terrorisme et crime contre l’humanité ». Douze autres personnes ont été inculpées.

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