Maroc : Benchamach réélu président de la Chambre des conseillers, un camouflet pour les islamistes

Le PAM, premier parti d’opposition, conserve la main sur la présidence de la deuxième chambre. La réélection de son secrétaire général Hakim Benchamach, lundi 15 octobre, a été obtenue avec le soutien de formations appartenant à la majorité gouvernementale, alors même que le PJD présentait un candidat.

Hakim Benchamach, secrétaire général du Parti authenticité et modernité (PAM) et président de la deuxième chambre du Parlement marocain. © Vincent Fournier/JA

Hakim Benchamach, secrétaire général du Parti authenticité et modernité (PAM) et président de la deuxième chambre du Parlement marocain. © Vincent Fournier/JA

CRETOIS Jules

Publié le 16 octobre 2018 Lecture : 2 minutes.

Hakim Benchamach, secrétaire général du Parti authenticité et modernité (PAM), a été réélu pour un nouveau mandat à la présidence de la chambre haute du Parlement – renouvelant ainsi sa position de 4e personnage de l’État. Son unique adversaire, Nabil Chikhi (président du groupe parlementaire du Parti de la justice et du développement PJD), avait annoncé sa candidature très tardivement, dans la nuit du 14 au 15 octobre, suite au désistement du candidat de l’Istiqlal.

Quand la majorité préfère l’opposition

La réélection de Benchamach sonne comme un camouflet pour la majorité. Le PJD, parti islamiste, dirige effectivement la coalition gouvernementale. Certains de ses alliés au sein du gouvernement, dont l’Union socialiste des forces populaires (USFP), le Mouvement populaire (MP) et le Rassemblement national des indépendants (RNI), ont porté leur voix sur le candidat du PAM, pourtant dans l’opposition.

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Le PJD a toutefois pu compter sur le soutien des Conseillers du Parti du progrès et du socialisme (PPS). Un signe d’apaisement, un mois et demi après le limogeage d’une secrétaire d’État PPS par le chef islamiste du gouvernement, Saadeddine El Othmani.

>>> À LIRE AUSSI : Dix choses à savoir sur Hakim Benchamach, secrétaire général du PAM au Maroc

Le résultat final reste peu enthousiasmant pour les militants du PJD : Benchamach l’a emporté à 63 voix contre 19. La Chambre des conseillers est entre les mains du PAM depuis 2009 : avant Benchamach, c’était Mohamed Cheikh Biadillah qui siégeait à la présidence.

La presse marocaine commente de manière amère ou un peu désabusée cette élection, faite d’alliances contre-intuitives et de retournements de dernière minute. L’accession de Habib El Malki à la présidence de la première chambre du Parlement alors que son parti, l’USFP, n’y dispose que de vingt élus, avait déjà suscité l’étonnement.

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Un ex-gauchiste pour faire rempart aux islamistes

Benchamach, militant de la première heure du PAM, est habitué à croiser le fer avec les islamistes du PJD. En 2008, il a co-fondé l’ancêtre du parti, l’association Mouvement de tous les démocrates (MTD), parrainée par le conseiller du roi Fouad Ali El Himma, et pensé comme un front anti-islamiste.

Benchamach est également un ancien militant marxiste : à Oujda, il a appartenu au mouvement révolutionnaire Annahj Addimocrati, ce qui lui a valu d’être arrêté en 1984 et de passer deux ans en prison. Le MTD puis le PAM sont ensuite lancés, après l’adhésion d’anciens militants de gauche et d’extrême-gauche qui ont participé, à l’orée du nouveau règne, aux efforts de justice transitionnelle. C’est le cas de Benchamach, auditionné en tant que victime des années de plomb par l’Instance équité et réconciliation (IER).

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Le PAM a pris le relais pour lancer ces anciens gauchistes dans la bataille contre les islamistes.

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