Tripoli fait la foire

La plus grande manifestation économique depuis 1969 débute le 2 avril.

Publié le 29 mars 2005 Lecture : 1 minute.

Au prix moyen de 365 euros le mètre carré, la location des stands à la 34e édition de la Foire internationale de Tripoli a fait le plein. Plusieurs centaines d’entreprises venant de soixante-cinq pays deux fois plus qu’en 2004 – présenteront du 2 au 12 avril leurs produits, leurs services et leur savoir-faire. Après dix-sept années d’embargo économique total (1992-1999) et cinq années d’embargo partiel (1999-2004), les Libyens sont acheteurs de tout.
Le New Deal lancé en décembre 2003 par Mouammar Kadhafi a payé : la Libye a renoncé à son pseudo programme d’armement nucléaire avant de dénoncer ses fournisseurs (pakistanais, notamment). Elle a aussi indemnisé les victimes des attentats (Lockerbie, DC10 d’UTA, discothèque La Belle de Berlin)qui lui étaient imputés. A la fin de cette année, les Etats-Unis devraient lever leurs ultimes sanctions : le nom de la Libye sera rayé de la liste des Etats soutenant le terrorisme…
Les compagnies pétrolières occidentales sont particulièrement bienvenues : Tripoli en a besoin pour moderniser son industrie, très affaiblie par l’embargo, et doubler sa production (de 1,5 à 3 millions de barils par jour). Suivent les constructeurs d’avions (Boeing et Airbus), les vendeurs d’usines clés en main, d’oléoducs et de gazoducs, d’autoroutes, d’hôtels, de voitures, de navires… Sans oublier les fabricants d’armes « défensives » (patrouilleurs maritimes, avions, hélicoptères, radars, instruments de vision nocturne…)… Tout ce beau monde se retrouvera à Tripoli pour la plus grande manifestation économique de l’ère Kadhafienne.
La Libye représente un marché solvable de 10 milliards de dollars par an. Elle n’a pas de dette extérieure, mais au contraire des réserves en devises estimées à 20 milliards de dollars. Seul handicap : ce pays de six millions d’habitants (dont seulement quatre millions sont libyens) manque de bras. Tout laisse à penser que Kadhafi, par ailleurs chantre de l’unité africaine, est décidé à se débarrasser des derniers travailleurs africains et arabes pour « importer », comme les monarchies du Golfe, de la main d’oeuvre asiatique plus productive et moins tentée par l’immigration clandestine vers l’Europe.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires