Guinée : l’installation des conseils municipaux suscite la colère de l’opposition

Huit mois après les élections communales du 4 février, les tensions restent vives. Mardi 16 octobre, un jeune homme a été tué à Conakry en marge de la journée « ville morte » organisée par l’opposition qui réclame l’application de l’accord de sortie de crise signé début août avec le parti au pouvoir.

Patrouille de police à Conakry, en octobre 2015 (Archive / Illustration) © Youssouf Bah/AP/SIPA

Patrouille de police à Conakry, en octobre 2015 (Archive / Illustration) © Youssouf Bah/AP/SIPA

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Publié le 16 octobre 2018 Lecture : 3 minutes.

L’opposition guinéenne avait appelé lundi 15 et mardi 16 octobre à une journée « ville morte » à Conakry pour protester contre les résultats des élections communales du 4 février et ce qu’elle estime être une violation de l’accord du 8 août qui avait mis un terme au cycle de manifestations ayant marqué les lendemains du scrutin.

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Le mot d’ordre n’a été suivi que sur l’axe Bambéto-Cosa, acquis à l’opposition, sans incidents majeurs le premier jour. Mais mardi matin, à Bomboli (quartier de Conakry), Ibrahima Baldé, 23 ans, a été tué à par balles par les forces de l’ordre, selon le leader du principal parti d’opposition Cellou Dalein Diallo.

À l’heure où nous écrivons ces lignes, le commissaire Aboubacar Kassé, porte-parole de la police, affirmait n’avoir pas d’information concernant la mort du jeune homme.

Bataille pour le contrôle de la mairie de Kindia

Pourquoi l’opposition appelle-t-elle de nouveau à des manifestations ? Le 8 août dernier, un accord avait été trouvé entre l’opposition et la majorité, prévoyant un partage consensuel de douze circonscriptions électorales dont les résultats étaient contestés. Accord qui, selon le parti de Cellou Dalein Diallo, n’est pas respecté.

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Ainsi, la commune urbaine de Kindia, à 135 km à l’est de Conakry, devait revenir à l’opposition. Celle de Dubréka, à 50 km à l’est de la capitale, au RPG Arc-en-ciel. Mais si Almamy Alsény Bangoura (RPG) a bien été élu maire à Dubréka, il en est autrement à Kindia, première ville de la Basse Guinée après la capitale Conakry considérée comme stratégique par les états-majors politiques.

Mamadouba Bangoura, 89 ans, de l’Union démocratique de Guinée (UDG) de l’homme d’affaires Mamadou Sylla, a été porté à la tête de la mairie lundi 15 octobre sur fond de contestation du candidat de l’UFDG, Abdoulaye Bah.

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La liste de l’UDG, qui n’avait totalisé qu’un siège lors des élections communales, a bénéficié du soutien des conseillers du RPG Arc-en-ciel. Situation que dénonce Cellou Dalein Diallo : « C’est l’UFDG qui a gagné à Kindia, en totalisant 22 sièges sur 41 dans les urnes. Même avec les résultats de la CENI, nous avons 17 sièges. Dans l’accord on a parlé de l’opposition, mais en réalité, c’est l’UFDG ! Nous étions à même de prendre l’exécutif communal sans alliance ».

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Pour le RPG, qui rappelle n’avoir pas présenté de candidat issu de ses rangs, l’accord voulait que la mairie revienne à l’opposition en général, donc pas forcément à l’UFDG.

« Nous n’avons pas signé d’accord avec l’UFDG pour que Abdoulaye Bah soit maire de Kindia. Le RPG s’est engagé à se désister au profit de l’opposition. Celui qui est élu est de l’opposition, d’ailleurs un allié de l’UFDG, jusqu’à preuve du contraire », a réagi Souleymane Keita, chargé de mission à la présidence et membre du parti au pouvoir. Il accuse à son tour l’UFDG d’avoir soutenu l’adversaire du maire élu de Dubréka.

« Il n’y a plus d’accord entre nous ! »

Le député du RPG Mohamed Tawel Camara a été élu maire de Boké (nord-ouest) à la place du candidat de l’Union des forces républicaines (UFR) de Sidya Touré, en violation d’un accord entre les deux partis.

« Nous avons été surpris par la candidature du RPG. Il n’y a plus d’accord entre nous », justifie le chargé de communication de l’UFR, Ahmed Tidiane Sylla.

« Notre conseiller s’est autoproclamé candidat. Nous lui avons dit de s’abstenir, il s’est entêté », répond Amadou Damaro Camara, président du groupe parlementaire RPG Arc-en-ciel, qui accuse l’UFDG et ses alliés d’avoir soutenu Camara et a annoncé que le bureau politique du parti va se retrouver pour trouver une solution.

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