Pressage algérien
Le numéro un du CD et du DVD à l’échelle nationale veut se lancer à la conquête du marché maghrébin.
Publié le 29 mars 2005 Lecture : 3 minutes.
Unique fabricant en Algérie de CD-R, CD pressés et DVD, Universal Disc, qui a commencé à produire en novembre 2003, a démarré avec un investissement de quelque 30 millions d’euros. Car les machines coûtent cher. L’usine, qui se trouve dans la zone industrielle d’Alger, comportait au départ trois lignes de production. Elle en compte aujourd’hui huit et en attend quatre autres pour la production de DVD-R. En un an, la production a été multipliée par quatre, et le nombre de salariés est passé de 60 à 120. Les quatre machines qui fabriquent les CD-R peuvent fournir 100 000 pièces par jour. Séparées par une vitre et un couloir, deux autres machines ont une capacité de production maximale de 30 000 CD pressés et DVD par jour. « Nous avons un process complet de fabrication du CD, explique Karim Benyounes, le manager logistique. Nous importons toutes les matières premières, mais ensuite, tout est fait sur place. Nous avons une unité de masterisation, deux machines d’impression pour les jaquettes d’une capacité de 6 000 CD à l’heure, une machine pour le conditionnement. Depuis trois semaines, nous faisons tourner deux lignes de fabrication de boîtiers plastique qui peuvent produire 40 millions de pièces par an. Avant, on achetait les boîtiers en Chine. À présent, on va couvrir nos besoins et vendre sur le marché local. »
En un temps record, Universal Disc s’est imposé en Algérie, passant de 5-10 % de parts de marché en 2003 à 60-70 % en 2004. « Nous sommes devenus leaders en qualité et en disponibilité, se réjouit Brahim Yazid, le directeur commercial. Nous maîtrisons les coûts et les tarifs, et nous avons une stratégie commerciale visant à éliminer les importateurs. Ce qui est produit localement n’inspire généralement pas confiance au consommateur, qui préférera acheter ce qui vient de l’étranger. Nous voulons lui prouver qu’il se trompe. Notre produit est bon pour le marché local et l’exportation. » La société compte d’ailleurs se lancer cette année à l’assaut du marché maghrébin (Maroc, Tunisie, Libye), estimé à 100 millions de pièces par an. « On peut conquérir 70 % à 80 % de ce marché, affirme Brahim Yazid. Nous considérons ces pays comme des extensions du marché algérien. Nous avons également des demandes d’Espagne. Actuellement, seule l’Asie produit du CD-R, avec parfois de mauvaises surprises côté qualité. »
Quant à la production de DVD-R, elle devrait débuter en avril, au rythme de 80 000 à 100 000 pièces par jour, dont 80 % seront destinées à l’exportation en Europe, via un bureau en Suisse. « Quand le marché sera mûr, nous serons à même d’exporter vers l’Afrique », explique le directeur commercial. Si la société est en situation de monopole en Algérie, elle est aussi leader en Afrique. « Plus on est puissant, plus on dissuade les autres d’investir pour s’installer. Nous avons des clients au Nigeria, car cela leur revient moins cher de commander leurs produits chez nous que d’ouvrir une usine », indique Brahim Yazid.
Universal Disc dispose de cinq distributeurs – un à l’Est, un à l’Ouest et trois au Centre – et vend essentiellement, pour ce qui est du CD pressé, à des professionnels qui pressent de l’image, du son, du multimédia, et qui possèdent les droits de duplication des contenus (films, musique ou logiciels informatiques). Le CD-R, lui, est un disque destiné à être gravé, il est largement utilisé dans l’audio… et le piratage ! Le CD-R représente 80 % des ventes de disques en Algérie pour un marché estimé entre 50 millions et 80 millions de pièces par an. « Il y a une très grosse consommation de CD gravés, car le marché n’est pas réglementé et qu’il n’y a pas encore la culture du 100 % pressé, comme en Europe, confirme Brahim Yazid. Le marché algérien pour les CD en général est énorme et il n’est pas développé à 100 %, car les cassettes audio et les VHS existent encore, et les lecteurs DVD coûtent trop cher. »
Le CD-R a encore de beaux jours devant lui alors qu’en parallèle le DVD est appelé à se développer. Universal Disc peut avoir confiance en l’avenir. Dans ses autres perspectives de développement, l’entreprise espère se faire une belle place sur le futur marché des cartes magnétiques – cartes de crédit, mais aussi cartes d’identité, passeports et permis de conduire sécurisés… Pour le moment, le directeur commercial, sans révéler le chiffre d’affaires annuel, glisse que l’entreprise est rentable. « Il y a une Algérie qui avance ! » Universal Disc en fait partie.
